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13 janv. 2015

L'équation africaine - Yasmina Khadra


Avant de commencer ma chronique, je voudrais souhaiter à tous une bonne et heureuse année 2015.
J’espère que vous avez passé de belles fêtes de fin d’année.
En ce qui me concerne, elles étaient particulièrement intenses…

J’ai été accompagnée dans mes pérégrinations par L’équation africaine de Yasmina Khadra.
Je l’ai commencé dans le dernier avion que j’ai pris en 2014, puis terminé dans le premier que j’ai pris en 2015.
Souvent, les quelques personnes qui apercevaient la couverture de mon bouquin me demandaient « Alors, elle écrit bien? ». Je répondais souvent la même chose :
« C’est un homme qui a pris les prénoms de sa femme comme pseudo. Sinon il s’appelle Mohamed… Mohamed Moulessehoul. C’est un auteur algérien qui a écrit beaucoup de livres à succès, dont Ce que le jour doit à la nuit qui a été adapté au cinéma récemment ».
Mes interlocuteurs me répondaient souvent avec un simple « Ah! Ok! ». Je comprenais que je n’avais pas besoin de continuer, ça ne les intéressait pas trop.
De toutes les façons je n'aurais pas pu en rajouter. Bien que je suive, de loin, l'actualité de cet auteur, c'était la première fois que je découvrais un de ses écrits. Le livre m'a été offert par ma soeur. 
Et je dois dire, après l'avoir terminé, que mon avis est mitigé. Il m’arrive souvent de ne pas commenter les livres que je n’ai pas aimés parce que tout simplement je ne sais pas quoi dire, si ce n’est que je ne l’ai pas apprécié. Je ne me ‘force’ pas à m’étaler sur un bouquin qui ne m’a pas touché.
Toutefois celui-ci, est… particulier dans la mesure où je n’ai pas aimé l’histoire, mais alors pas du tout, mais j’ai tout de même été emportée par l’écriture de l’auteur.




 Kurt Kausmann, médecin généraliste vit paisiblement à Frankfurt avec sa femme ou presque… En effet, depuis quelque temps, une nouvelle routine vient de remplacer la précédente. Sa femme n’est plus la même, mais le docteur n’arrive pas à en déterminer la raison. Et puis soudainement, le coup de massue : sa femme meurt.
Kurt se transforme en zombie, il ne comprend pas ce qui s’est passé, ce qui lui a échappé. Il ne cesse de ressasser les derniers jours, les dernières semaines, le dernier moi, mais rien… C’est l’incompréhension totale. Sa vie vient de prendre un autre tournant.
Face à sa peine et ses tourments; son ami Hans Makkenroth, le force presque à l’accompagner dans une expédition humanitaire. Finalement convaincu que ce voyage pourrait l’aider à reprendre sa vie en main, Kurt décide de le suivre.
Pourtant, rien ne se passera comme prévu. Un matin, des pirates accostent leur voilier et les prennent en otage. Ce sera le début d’un long calvaire plein de rebondissements, de surprenantes rencontres et de déchirement. L’issue sera incertaine…

Je n’ai pas aimé l’histoire. Au début, à plusieurs reprises j’ai eu envie de m’arrêter et à la fin également jusqu’à ce qu’un nouveau retournement me convainque de poursuivre.  Toutefois, pendant une grande partie de l’histoire ce qui m’a permis de ‘tenir’ c’est la plume de l’auteur : riche, fascinante, remarquable. Une écriture des extrêmes et des contrastes en fonction des personnes et des évènements avec des rythmes saccadés, lents et parfois une impression d’éternité. La description de quelques scènes poignantes m’a particulièrement marqué…
Je me suis rendu compte que je n’avais jamais exploré ce genre : des histoires de pirates, de terrorisme, de réfugiés. Je ne me dirige jamais vers ce type d’histoire en général et la lecture de celui-ci m’a conforté dans ma position. Mais ce que je n’ai pas apprécié non plus c’est un l'angélisme à outrance dont l'auteur fait preuve en parlant de l'Afrique: l’Afrique mirifique, l’Afrique de gaieté malgré les calamités. Cet angélisme est illustré par un personnage en particulier. Mais dans le fond il s’agissait peut-être de rendre hommage à la capacité de résilience d’un continent, ses habitants… son âme.
Dans cette histoire, certains personnages sont à la fois inhumains et philosophes, puérils et violents, déprimés, mais plein d’espoir ou encore désœuvrés  mais heureux et bien dans leur peau. J’ai été touché par Black-moon, dégoutée et surprise par Baba-Sy, un personnage « délirant » pour reprendre les mots de Bruno, un personnage dont je me souviendrai : « Bruno l’Africain! ».

« Bruno riait de tout, de ses déveines comme de ses exploits… Étrange personnage! Jamais rancune n’aurai égratigné sa foi indéfectible en les hommes. Il ne voyait dans la bêtise de ces derniers qu’une consternante immaturité qui leur infligeait plus de tort qu’ils n’en faisaient. La nuit, pour meubler mes insomnies, je teste plusieurs clés pour accéder à sa mentalité et comprendre comment elle fonctionne, mais la serrure change de combinaison à chacune de mes tentatives. Quel secret a-t-il percé dans ce continent ? Quelle philosophie a-t-il acquise durant ses décennies de transhumance? La réponse, il l’a emporté avec lui. […] … S’il y avait une morale à l’existence, elle se résumerait ainsi : nous ne sommes que des souvenirs»! p297-298

Ce roman est également une tribune pour saluer le travail de tous les volontaires, ces anonymes qui lâchent tout afin d'aider et se donner à l'autre bout du monde, dans des conditions inimaginables parfois. Des personnes qui espèrent simplement pouvoir assister à de « petits miracles » quotidiens et finissent par avoir la capacité de s'émerveiller de simples choses que l'on ne sait plus apprécier lorsqu'on se laisse submerger par la routine et la pression du quotidien.