8 avr. 2013

Climbié - Bernard Blinlin Dadié


Premier roman ivoirien, paru en 1956, Climbié, signifie en N'zima ( ethnie du grand groupe des Akans) : plus tard. Il s'agit d'un roman autobiographique qui raconte le parcours du jeune Bernard Dadié depuis son village natal, jusqu'à Grand-Bassam, première capitale de la Côte d'Ivoire,  Bingerville seconde capitale du pays ; Gorée, capitale de l'AOF, où se trouve l'école Normale Supérieure William Ponty et enfin Abidjan.

Le roman se divise en deux parties et se déroule en pleine période coloniale. Dans la première partie, nous suivons le parcours scolaire du jeune garçon en Côte-d'Ivoire, jusqu'à son admission à William Ponty. Dans la seconde nous le suivons à Dakar, où il vivra de nombreuses années avant son retour en Côte-d'Ivoire, où il commence à militer au sein du RDA (Rassemblement Démocratique Africain).



Dans la première partie, le lecteur constate très vite le contraste entre la  vie de Climbié au village puis celle qu'il mènera dans les deux grandes villes du pays. En effet, au village, il vit avec son oncle N'Dabian, , un planteur qu'il considère comme son père. Il y reçoit une éducation traditionnelle faite de soirées à écouter des contes et de journées passées au champ. C'est une période d'insouciance que son oncle tentera de faire durer le plus longtemps possible jusqu'à ce que Climbié soit obliger de le quitter pour aller à Grand-Bassam pour "l'école des blancs".

 En ville, rien ne sera plus pareil.  Le jeune Climbié constate que les  habitants de Grand-Bassam,  croulent sous le poids des différentes règles et mesures caractérisant cette époque, qui tentent de les soustraire à leur "sauvagerie". Ainsi, de nombreuses mesures sont prises par les autorités, selon les circonstances. Celles qui marqueront Climbié seront l'interdiction des tams-tams parleurs, "compagnon de joie" qui résonnent tous les soirs,  en cas de décès d'un blanc ou encore l'interdiction des dialectes à l'école...
 Tous les enfants sont obligés de fréquenter l'école de la République qui semble être est une machine à commis, au service de l'administration française.  Tout le monde rêve de devenir commis pour travailler pour les Européens, gage de réussite. "Et chacun tenait à ce que son enfant sortît commis. De là la désaffection pour les travaux de la terre. Planter , s'aggriper au sol, refuser de se laisser déraciner et emporter par la vague torrentielle des modes , refuser de se laisser ballotter par les tourbillons de conceptions plus ou moins contradictoires, c'était hélas vouloir rester "sauvage", tant les villes attiraient, fascinaient" p70. Ainsi s'amorça l'exode rural, aggravé par les tributs trop lourd qui pesait sur les villages et auxquels la population essaye de se soustraire en s'installant en ville.

Dans la seconde partie du roman, à Gorée, Climbié sera confronté à une autre réalité, plus difficile et déroutante encore. Mais celle-ci sera déterminante pour la suite ,notamment pour son brillant parcours politique mais également pour son parcours littéraire ...

Ainsi dans Climbié, nous découvrons le parcours de Bernard Dadié, figure de proue de la littérature ivoirienne; auteur de nouvelles, romans, poésies militantes, de théâtre, d'essai et lauréat à deux reprises du Grand Prix Littéraire d'Afrique Noire pour Patron de New York (1965) et La ville où nul ne meurt (1968).

Il aborde les nombreuses questions qui ont alimenté son parcours et ses réflexions ; notamment le rôle des divers types d'instruction, la  lutte contre le colonialisme et les injustices, la lutte pour l'indépendance et la démocratie, la lutte pour la valorisation  et la conservation de la culture et des identités africaines et bien d'autres encore...

C'est un roman intéressant, qui nous replonge dans la vie de cette époque, notamment à Grand-Bassam ou encore à Gorée  où les fortes présences européennes affectent directement  le quotidien de leurs habitants. Bien que l'auteur soit très critique ,envers la figure du colon, son roman est émaillé de nombreux messages de tolérance : " Tes études t'apprendront à secourir tout homme qui souffre parce qu'il est ton frère. Ne regarde pas jamais sa couleur, elle ne compte pas. Mais en revanche ne laisse jamais piétiner tes droits d'homme , car même dans le plus dur esclavage, ces droits-là sont attachés à ta nature même." p51
On y retrouve également de nombreuses préconisations : " Dans le monde actuel, les ignorants n'auront pas de place. L'homme instruit est un lion. Instruisez-vous, sans cependant abandonner vos coutumes". p.55 qui témoignent de son attachement à l'instruction et à la culture de son continent, auquel il  a rendu hommage à travers ses nombreuses œuvres.







16 mars 2013

Une si longue lettre - Mariama Bâ


Dans ce premier roman, considéré comme l'un des 100 meilleurs livres africains du 20ème siècle, Mariama Bâ se sert de sa plume comme  une arme pacifique. Une arme  pour apaiser sa peine, témoigner des changements que connait la société sénégalaise , enfin  et surtout pour  dénoncer la condition de la femme dans cette dernière.

Elle nous raconte l'histoire de Ramatoulaye qui  vient de perdre Modou Fall, son mari . Après le décès de ce dernier, elle décide d'écrire à, Aissatou sa meilleure amie afin de  lui raconter les funérailles. Mais très vite, après avoir rapporter le déroulement des différentes cérémonies et pratiques d'usage;  Ramatoulaye est replongée dans ses souvenirs  : " le passé renaît avec son cortège d'émotions. Je ferme les  yeux. Flux et reflux de sensations..." Elle se remémorera les histoires de leurs deux couples : leur formation, les années de bonheur puis les évènements inattendus qui les feront basculer et affecteront les deux femmes pour toujours.
Le lecteur plonge alors dans une atmosphère douce-amère qui alterne entre les souvenirs d'un passé joyeux et plein de promesse, la réalité d'un présent difficile, abordée avec lucidité et enfin les questionnements d'un futur incertain, laissant peu de place à l'espoir, même si l'auteure refuse de se résigner.

À travers leurs histoires, Mariama Ba abordera la question de la polygamie et de son impact émotionnelle considérable sur les femmes; que les hommes ignorent lorsqu'ils décident de bafouer leur couple. L'auteure dénonce ainsi la condition difficile des femmes écrasées par le poids du patriarcat , de l'égoïsme des hommes, des traditions , des religions mais également par celui du modernisme qui se traduit dans une de ses formes  les plus perverses : la quête sans scrupule du matériel.
À travers ses correspondances, Ramatoulaye rappellera à Aissatou l'histoire de nombreuses autres femmes, telle que Nabou, la cruelle Belle-mère, garante de la tradition et du sang pur de sa descendance. Celle de la griotte cupide, qui survit tout de même dans un Sénégal qui se modernise, celle de Jacqueline, l'Ivoirienne, la "gnac" ou encore l'histoire des secondes épouses comme Daba : "l'agneau immolé sur l'autel du matériel"... Chacune d'elle représente non seulement un trait de la société sénégalaise mais également les changements de cette dernière car il s'agit de générations différentes. Ainsi en fonction de leur âge, influence, parcours, entourage, elles apporteront toutes des réponses différentes aux problèmes que leurs proches et elles-mêmes rencontreront. Certaines entraineront le malheur des unes, d'autres seront le soutien des autres mais, elles seront toutes, d'une manière ou d'une autre victime des diktats de la société , tiraillée entre tradition et modernité.


En effet, nous sommes en 1979 et le Sénégal , comme tous les pays nouvellement émancipés, amorce un tournant."L'Histoire marchait, inexorable. Le débat à la recherche de la voie juste secouait l'Afrique occidentale...." p52. Le pays est alors tiraillé entre tradition et modernité p 142 : " Notre société actuelle est ébranlée dans ses assises les plus profondes, tiraillée entre l'attrait des vices importés, et la résistance farouche des vertus anciennes"p142. L'auteur s'interroge alors sur les conséquence de ce déchirement. Elle constate  notamment le mépris de celui "qui a un mince savoir livresque" p39 à l'égard de ceux qui exercent des métiers traditionnels et les conséquences sur l'intérêt pour ses métiers. Ainsi selon elle, la modernité s'accompagnait de pertes irréversibles.
 Elle aborde également la question du progrès à travers celle du changement des moeurs  " Le modernisme ne peut donc être, sans s'accompagner de la dégradation des moeurs?" p152.
Elle l'aborde également à travers la question de la place de la femme et du rôle primordial qu'elles jouent dans la société qu'elles soient femmes au foyer, institutrice ou encore à travers la question de leurs différents droits; notamment celui de leur accession à des postes politiques "chasse gardée, avec rogne et grogne" p.118 des hommes. L'auteure souhaite une émancipation  de la femme sénégalaise et  ce d'autant plus que le contexte s'y prête. Elle l'exprime à travers un discours lucide et modéré. Mais y-a-t-il des hommes de bonne volonté ?! "Quand la société éduquée arrivera-t-elle à se déterminer non en fonction du sexe , mais des critères de valeur?" p119.

Enfin, au-delà des questions de la condition de la femme, des changements que connait le Sénégal; l'auteure aborde des sujets tels que celui de l'éducation sous toute ses formes : orale à travers les contes, scolaire à l'école des "blancs" notamment et celle que l'on inculque à la maison. L'éducation a une place importante dans la vie de Ramatoulaye, qui est institutrice et a élevé 12 enfants. On ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec l'auteure qui était elle-même institutrice et mère de 9 enfants. L'association ou non de ces différentes formes d'éducation, couplées aux réalités culturelles et aux caractères des individus expliquera les conduites et attitudes de chacun.

Mariama Bâ remporte le prix Noma en 1980 (prix qui n'est plus décerné depuis 2009) avec ce premier roman et décède l'année suivante, peu de temps avant la parution de son second ouvrage.
 Elle était dotée d'une grande sensibilité et d'une capacité remarquable à la retranscrire à l'écrit. Malgré la douleur, l'état mélancolique et les sujets graves qu'elle aborde, l'histoire est emprunte de pudeur. Il s'agit d' une œuvre majeure de la littérature africaine, d'une grande délicatesse et très agréable à lire. 
On aimerait que cette si longue lettre n'ait jamais de fin...


Merci Marie-Lou pour ce beau cadeau!

7 mars 2013

Le Musée National des Costumes de Grand-Bassam


Situé dans le quartier France, à l'intersection des boulevards Treich-Laplène et Gabriel Angoulvant, le bâtiment abritant le Musée était autrefois la demeure des différents gouverneurs qui se sont succédés à la tête de la Côte-d'Ivoire de 1893 à 1902. Juste en face, se trouve le premier palais de justice ( en pleine désuétude) de Côte-d'Ivoire datant de 1900.

Le 09 Décembre 1980, ce bâtiment alors baptisé Hôtel des gouverneurs devient le Musée National des Costumes qui a pour but de conserver les collections nationales de costumes.
J'ai eu la chance de pouvoir visiter ce Musée très tôt un samedi matin. À notre arrivée, le guide qui a semblé surpris ( est-ce parce que peu de gens viennent le visiter, en particulier si tôt le matin), a failli s'étouffer avec la poignée d'attiéké ( semoule à base de manioc) qu'il venait d'avaler ! On lui a laissé le temps d'aller chercher un peu d'eau, de se remettre de cette frayeur et nous sommes allés à la découverte de l'intérieur du Musée.

Le guide commence la visite en nous présentant Binger Louis-Gustave, Ier gouverneur du pays, qui a habité ce palais de 1893 à 1896 puis nous plongeons à travers l'histoire mais également les pratiques culturelles et cultuelles des quatre grands groupes ethniques ( Gour ou Voltaïque, Mandé, Krou et Akan) qui composent les Côte-d'Ivoire.

Le bâtiment, constitué de deux étages aux pièces très spacieuses abrite différents supports d'information : photos, figurine en bois, statuts grandeurs nature, maquettes de différents habitats traditionnels, masques miniatures...vous aurez la chance de voir d'anciens meubles utilisés et laissés par les gouverneurs, leur chambre, salle de bain et bien d'autres surprises.

À la fin de votre visite, vous saurez reconnaître un roi Akan, vous saurez également comment s'habillait les chefs des autres groupes ethniques ( textiles traditionnels, industriels, vêtement en écorce, en rafia) . Vous saurez, comment en fonction des région et de l'ethnie qui y habitait, les villages étaient construits...Mieux encore vous pourrez identifiez les féticheuses(sorcières) de votre entourage ! 

Extrait de mon article : Grand-Bassam, Ville historique, Berceau de la Côte d' Ivoire :
http://culturebony.blogspot.ca/search/label/Grand%20Bassam


Premier palais de Justice de Côte d'Ivoire

26 févr. 2013

AIN'T I A WOMAN : black women and feminism - Bell Hooks


Bell Hooks, de son véritable nom : Glora Jean Watkins est une intellectuelle , activiste féministe et auteure prolifique, qui a de nombreux romans, essais et livres pour la jeunesse à son actif.

 Pendant ses études, elle constate l'absence de discussions ou travaux sur la contribution des femmes noires à la société américaine ; au mouvement féministe notamment. Selon elle, les femmes noires et leur expérience singulière aux États-Unis ont été oubliées ou tout simplement volontairement ignorées. Pour pallier ce désintérêt, elle décide de raconter l'histoire de ces femmes. La nécessité de cette entreprise lui sera confirmée par l'attitude de son entourage. Lorsqu'elle mentionne son idée de livre, lors d'un dîner entre amis, l'un d'eux, pris d'un fou rire lui répondra " What is there to say about black women?". D'autres amis présents éclatèrent de rire à leur tour.

Sa réponse se trouve dans Ain't I a women.

Dans cet essai qui se décline en cinq grands chapitres, Bell Hooks nous raconte l'expérience singulière des femmes noires des États-Unis. Depuis l'esclavage jusqu'aux années 1980, période où elle publie ce livre. En effet, pour expliquer le désintérêt pour l'histoire de l'américaine noire et sa dépréciation, il a fallu remonter aux sources des processus, violences, mythes et manipulations dont elle a fait l'objet au cours de l'histoire.

De nombreux intellectuels  sexistes ont, des années durant, minimisés l'impact de l'esclavage sur les femmes, en affirmant que les hommes, victimes de racisme et atteint dans leur virilité, étaient ceux qui en avait le plus souffert. L'auteure, au travers de ses recherches , montrera que, les femmes noires, ont non seulement souffert de racisme mais  également de sexisme. Ses deux formes d'oppression combinées , institutionnalisées à travers le patriarcat; ont eu un impact inimaginable sur l'histoire de la femme noire aux États-Unis.

 On réalise dès les premières lignes que si les esclaves, tout sexe confondu, ont vécu, enduré et surmonté des choses qui dépassent notre entendement aujourd'hui; la détresse des femmes a été aggravée par l'oppression sexiste, l'exploitation sexuelle, la masculinisation et la manipulation dont elles ont fait l'objet ; qui ont finit par les déshumaniser.
En effet, déjà sur les négriers qui les transportaient de l'autre côté de l'Atlantique ; les colons , s'attelaient , le long de la traversée à utiliser différentes méthodes pour détruire la fierté, l'arrogance, l'esprit de liberté et la dignité des esclaves. La méthode de "prédilection" qui sera utilisé sur les femmes pour les rendre plus dociles sera le viol.
Ainsi, depuis les bateaux, jusqu'aux plantations; le viol des femmes noires sera une "méthode institutionnalisée", courante, banale à tel point que pour éviter le mot "rape"(viol), on parlera des victimes comme des prostituées et par extension de toutes les esclaves comme telles. L'emploi de ce terme aura un véritable impact sur la perception des femmes noires qui se perpétuera par la suite dans l'histoire, jusqu'à nos jours.
De plus, sous l'ère victorienne, caractérisée par un puritanisme à toute épreuve, on martèle pendant les cours de religion que la femme noire est l'incarnation de l'immoralité sexuelle "sauvage" , la dépravation "diabolique". C'est la naissance du premier cliché et mythe sur celle-ci, qui traversera l'histoire, sera adopté par les hommes noirs qui , libérés, embrassent à leur tour le système patriarcal...

Il s'agira là du premier d'une longue série de clichés et mythes, construits de toutes pièces sur la femmes noire, revisités par les médias, les expressions culturels ( théâtres...). Ils traverseront le temps, l'espace ; pour affecter de manière insidieuse les consciences, d'aujourd'hui; et ce que l'on soit américain ou pas.

Après la traversée, la vulnérabilité des femmes noires, sera aggravée par le fait qu'un grand nombre d'entre elle travaillera dans les maisons, au plus près des maîtres. Les viols continueront et les femmes des maîtres  accuseront  et feront payer les "prostituées" plutôt que leurs maris. Ce sera le début de l'antagonisme entre femmes noires et femmes blanches qui les empêcheront , de se réunir, plus tard; sous la bannière du féminisme. Cet antagonisme; sera aggravé par l'envie-mépris que les femmes noires éprouvent envers les femmes blanches. En effet, ces dernières sont érigées par les enseignements de l'époque, comme le modèle de pureté et de féminité par excellence. On renie alors aux femmes noires leur féminité; elles, qui sont également nombreuses dans les plantations; portant des pantalons et effectuant des tâches d'hommes.

Ainsi, Bell Hooks examinera l'impact du sexisme sur les femmes noires durant l'esclavage, la dévaluation perpétuelle ces dernières dans l'histoire américaine, l'impérialisme du système patriarcal qui a ,dans une certaine mesure, réussi à absorber les hommes noirs qu'il oppressait autrefois (ces dernier pratiqueront l'oppression sexiste à leur tour) et bien d'autres sujets...
Enfin l'auteure aborde la question du féminisme ; notamment l'émergence du Black Feminism, né de la nécessité pour la femme noire, muselées par les féministes blanches, de pouvoir exprimer des revendications propres à leur expérience. Sa naissance coïncide avec celle du mouvement pour les droits civiques. Ainsi la question du sexisme mais également du racisme sera au centre des préoccupation et des textes fondateurs du mouvement.





Au delà de la question de l'histoire de la femme noire, cet essai est un véritable voyage dans l'histoire des États-Unis et dans la mentalité du WASP qui domine le monde, crée de toutes pièces des mythes et hiérarchie, qu'il bouleverse lorsqu'elles ne servent plus ses intérêts comme il le voudrait...

L'auteure aborde également des sujets connexes telles que les problèmes entre afro-américain et afro-américaines notamment au sein des couples à cause des mythes et clichés. Elle aborde également  la différente perception des couples mixtes : noirs/blanches vs blancs/noirs et bien d'autres sujets de ce type...

Son travail de recherche est impressionnant. Pratiquement chaque page est ponctuée d'extraits d'articles de journaux, discours, études, réflexions, pièces de théâtre, publicité pour assoir les mythes qui datent parfois du 19ème siècle...

Enfin, Bell Hooks rend hommage aux femme qui ont marqué le Black Feminism par leurs actions, écrits et réflexions. Elle rend un hommage particulier à la remarquable Sojourner Truth, ancienne esclave émancipée, qui en 1852 prononcera son célèbre discours : " Ain't I a woman ?"

12 févr. 2013

Ladysmith Black Mambazo


Malgré l'apparence effrayante de son nom, le Ladysmith Black Mambazo, tente de diffuser à travers sa musique la culture Zoulou, mais également des messages d'amour, de paix et de fraternité.

Petite histoire de la création du groupe :

En 1964, après avoir fait une série de rêves dans lesquels il  entendait/voyait, l' isicathamiya, la musique traditionnelle zoulou, chantée par un choeur; Joseph Shabalala fonde le Ladysmith Black Mamabazo.

"Ladysmith" est le nom de la ville de laquelle il est originaire. "Black" représente le boeuf noir, considéré comme l'animal le plus puissant de la ferme. "Mambazo" signifie "hâche" en Zoulou et symbolise leur capacité à "tailler en pièces" leurs adversaires lors des concours. 
En effet, à ses débuts, le groupe remporte tous les concours de chants traditionnels auxquels il participe. Son niveau est tel qu'en 1973, on lui interdit de prendre part à ses derniers en tant que challenger. On lui offrira la catégorie "hors compétition". Sa renommée, commence alors à se répandre dans tout le pays.

Au départ, le groupe est principalement composé de ses frères et cousins.
Aujourd'hui ses frères on été remplacés par quatre de ses fils : Msizi, Sibongiseni, Thulani et le plus jeune, Thamsanqa.

En 1975, Joseph Shabalala se convertit au christianisme, ajoutant des chants religieux à son répertoire.

Très vite, le groupe vocal devient l'ambassadeur de la culture Zoulou et de l'Afrique du Sud à travers le monde. Dès 1985, alors que le pays est encore sous le régime de l'Apartheid ; le célèbre Paul Simon, fait appel à Joseph Shabalala pour participer à son album Graceland. Se sera la naissance du titre Homeless qui aura un succès retentissant.  Le Ladysmith part alors en tournée dans le monde entier.


Sa relation particulière avec Nelson Mandela :

Au-delà de ses nombreux succès planétaires, ce qui a fait sa particularité et a tenu une grande importance dans sa carrière; c'est sa relation avec Nelson Mandela. En effet, en 1990, lorsqu'il  se produit sur scène à l'anniversaire de ce dernier; Albert Mazibuko, l'un des premiers membres raconte: "he  stood up and he danced with us and he shook our hands and he said keep up the good work... your music has been a great inspiration for me".

En 1993, à la demande de Nelson Mandela, le groupe se rend avec lui à Oslo, à la cérémonie de remise de son prix Nobel de la paix. Un an plus tard, il se produit à sa cérémonie d'investiture. Enfin , en 2003, Nelson Mandela fait de nouveau appel à lui pour en faire l'ambassadeur de sa campagne mondial de sensibilisation pour le VIH/Sida, intitulé 46664, son matricule de prisonnier.

Un palmarès impressionnant :

 Durant ses 30 dernières années de carrière, le groupe a enregistré plus de 40 albums, obtenu 3 Grammy Award dans la catégorie "best traditional folk album" et a été nominé 16 fois  dans cette même catégorie;  notamment en 2011 pour son album "Song from a Zulu Farm".
 Il a collaboré avec de nombreux artistes tels que Stevie Wonder, Dolly Parton, Ben Harper ou encore George Clinton. Ils ont également fait des apparitions dans la video Moonwalker de Michael Jackson et Do it Acapella de Spice Lee. On peut également entendre leurs chansons dans de nombreux films notamment Coming to America/Un prince à New York ou encore le Roi Lion (Mbube, qui est à la fois un vieux style acapella sud Africain . Mbube signifie également Lion).

Ainsi  le Ladysmith Black Mambazo est considéré comme l'ambassadeur de la culture Sud-Africaine à travers le monde.


Sa musique et l'histoire de celle-ci :

Groupe Acapella impressionnant qui mélange clic xhosa, percussions buccales, bruitages, tiré des styles mbube et Isicathamiya. Ce dernier genre, signifie " Tip Toe Guys" en Zulu. En effet, au 19ème, dans les  mines d'or et de diamants du pays, les travailleurs se divertissaient dans les camps; en créant musiques et chants inspiré de leur musique traditionnelle: Mbube. Mais ils devaient danser "en douceur", "on tip toes" pour ne pas attirer l'attention des gardiens blancs. Ils créèrent ainsi l'Isicathamiya, une musique accompagnée de danses expressives mais paradoxalement très calme.

Concert:

Ainsi, bien que leur musique soit très apaisante avec des paroles ( en anglais et en Zulu) très émouvantes; il est impossible de s'ennuyer pendant leurs concerts. Les chanteurs arrivent à créer des interactions avec le public grâce à leur entrain , leur mimiques ou encore leur chanson au ton humoristique. C'est le cas notamment de la chanson "Paulina" dans laquelle ils mettent en garde la jeune fille contre les garçons mal intentionnés qui souhaitent " touch touch and kiss kiss and after they leave you (her) alone" (Très bons conseils lol) (voir première vidéo).
Chacune de leur chanson est accompagnée de gestes expressifs , petites chorégraphies ou encore des danse "on tip toes" avec des mouvements de jambes impressionnants. En effet, ces derniers font appel à une agilité et une souplesse remarquable et ce d'autant plus qu'ils sont réalisés sur de petits espaces.
Lorsque Joseph Shabalala et l'un des plus vieux membres du groupe s'y mettent, les exclamations, et acclamations fusent dans la salle. (voir vidéos)

À plusieurs reprises,Joseph Shabalala se retire pour laisser la place à deux de ses fils : Sibongiseni et Thamsanqa, la relève comme il aime à le rappeler, aux timbres de voix complètement différents et qui, comme leur père, savent enchanter le public.


Le Ladysmith semble avoir encore de beaux jours devant lui....


Surtout avec des fans comme moi (lol)!! Je suis allée les voir en concert à deux reprises déjà et n'hésiterait pas à aller les applaudir de nouveau si l'occasion se représentait.


Photos : 

Alors voici quelques photos prises pendant le concert : 

Joseph Shabalala en avant

Shabalala qui mène sa troupe




Sibongiseni Shabalala, un de ses 4 fils présents dans la troupe

Thamsanqa Shabalala (alto), dernier fils , qui remplacera son père à la tête du groupe lorsque ce dernier prendra sa retraite 

Les groupies ! (lol) / Thamsanqa au centre


 Autre concert:
Concert à Wilmington, Delaware


Séance de dédicace ! Trop contente ! (lol)



Vidéos:

Extrait/fin de "Paulina" , dirigé par Thamsanqa :
Extrait "Coming to America" / "Roi Lion" + "Amen" de Joseph Shabalala
Mouvements de jambes impressionnants / "on tip toes" :
Chant religieux dirigé par Thamsanqa avec une petite choré à la fin: ( je suis amoureuse de sa voix )




Salut final