15 juin 2013

Un an déjà !!!

Aujourd'hui c'est le premier anniversaire de ce blog. J'en profite pour faire un petit bilan.

Au niveau statistique

Au moment où j'écris cet article , le blog a exactement  14 791 vues à son actif. Ce qui fait, depuis le 15 Juin 2012, une moyenne d'environ 39 visiteurs par jour.
Ce n'est pas énorme mais je n'en suis pas mécontente.
Au fur et à mesure que le blog s'est enrichi de nouveaux articles, il y a eu de plus en plus de visiteurs...

Ainsi dans le top 5 des articles les plus consultés depuis la création de ce blog; on retrouve
1. Les frasques d'Ébinto ( Côte d'Ivoire)
2. Soundjata ou l'épopée Mandingue ( Mali) 
3. Grand-Bassam : ville historique, Berceau de la Côte d'Ivoire  (Côte d'Ivoire) 
4. Le Musée National des Costumes (Côte-d'Ivoire)
5. Les aventures de Leuk-le-Lièvre ( Sénégal)

Ces visiteurs  viennent de toutes les régions du monde : de la Chine en passant par le Danemark, l'Ukraine, la Turquie ou encore l'Argentine.

Dans le top 10 des pays, on retrouve sans surprise, une majorité de pays francophone :
1. États-Unis
2. France
3. Côte d'Ivoire
4.Canada
5. Burkina
6. Russie
7. Sénégal
8. Allemagne
9. Gabon
10.Belgique


Au niveau personnel

Ce blog m'a permis d'apprendre à lire de manière beaucoup plus active. Il me semble qu'avant, j'étais plutôt "spectatrice" des  histoires, des événements et de la manière dont ils étaient racontés. Je m'intéressais peu aux auteurs et au contexte dans lequel ils avaient écrit leur livre.
Ainsi être une lectrice plus active permet de commenter les romans que l'on lit  mais également de se souvenir assez longtemps de ses aspects et éléments les plus importants.

Ces livres m'ont  apporté des connaissances multidisciplinaires sur le continent africain dont l'histoire et les cultures me passionnent. J'ai donc préféré les romans que l'on peut assimiler à des fresques historiques ...

Mais ce blog m'a surtout permis de faire la connaissance de personnes enrichissantes, des partenariats, des discussions...

Je regrette toutefois de ne pas avoir plus de commentaires/critiques de personnes ayant lu les livres dont je parle...

Je remercie tous les visiteurs de ce blog, toutes les personnes qui ont commenté, celles qui m'encourage, qui partage mes articles sans oublier celles qui m'offre des livres !!!



Un grand merci à tous !




1 juin 2013

Nouvelles du pays - Sefi Atta

Ce recueil de nouvelles , nous emporte au cœur d'un Nigéria vivant, plein de contradictions où les innocents ne tardent pas à devenir des criminels, où la modernité et la tradition s'entrechoquent, où les extrémismes s'enflamment,  où la misère côtoie le luxe , où  d'un moment à l'autre tout peut basculer sans coup férir.

À travers les onze nouvelles du recueil, Sefi Atta se fait chroniqueuse du quotidien des nigérians de Lagos et d'ailleurs. Il y a le carrossier visité par des foules à cause d'une prétendue apparition de la Vierge Marie sur un pare-brise, la femme adultère qui sera lapidée, la petite fille intransigeante au cerveau formaté par le poids de son environnement, la bande d'artiste qui se transforme en "desperados", la jeune étudiante qui travaille au noir à Londres et bien d'autres...

Chacune des histoires nous est racontée avec humour et froideur. Comme "Virée au crépuscule", où un jeune Nigérian remonte vers le Nord avec un groupe de migrants clandestins en direction de l'Europe. En chemin il rencontre Patience, une "va bene" (prostituée) attachante de Bamako,  qui brandit sa Bible, à chaque fois qu'elle en a l'occasion. Il décide de la protéger jusqu'à ce que celle-ci lui fasse un coup aussi surprenant qu'inattendu.
 On se surprend à rire de ces retournements tragiques et déboires des personnages.

Nouvelles du pays est une galerie de portraits de femmes qui refusent de battre en retraite devant leurs craintes. Des femmes pleines de vitalité qui se battent contre elle-même , leur entourage , la société. Elles tentent de se soustraire de leurs difficultés par divers moyens : le sexe, la drogue, la religion, la fuite vers l'occident ou tout simplement en s'accrochant à de modestes rêves. Ainsi c'est tout autant de thème que l'auteure aborde avec réalisme et humour; nous permettant d'encaisser ces histoires  bouleversantes où le désir de s'en sortir à tout prix peut pousser à commettre l'irréparable.
Les problèmes politiques du Nigéria ne sont pas en reste, elle aborde des questions telles que le mépris des multinationales pétrolières pour les populations locales, les conflits inter-religieux qui embrasent le Nigéria, la responsabilité des journalistes, le militantisme...



À travers ces nouvelles, c'est également l'image d'une Afrique partagée entre misère et exploitation économique, entre attachement à ses racines et regard vers l'Occident, entre fanatisme religieux et modernisation des pratiques, entre retard de développement et maîtrise d'internet et des réseaux sociaux où sévissent les yahoo yahoo boys (Arnaqueurs)... que nous dépeint Sefi Atta. 
Comme à  l'image de ce continent aux diverses aspérités, le lecteur oscille entre joie, amertume; rire et peine. 

Les chutes sont surprenantes, imprévisibles et  ambiguës. Le lecteur a une impression d'inachevée qui soulèvent des pistes de réflexion et laisse libre cours à notre imagination.
Les dialogues rythment les récits et permettent de cerner rapidement les personnages. 
La langue de l'auteure est vive et décalée. Il s'agit d'une traduction mais il semble que Charlotte Wolliez ait réussi à faire ressortir toutes les nuances de l'oeuvre originale. On ressent le désarroi des clandestins, l'hypocrisie des collègues de travail, la froideur du bureau américain qui distribue les cartes vertes, la tension et l'indécision avant les attaques... 

Sefi Atta est née à Lagos en 1964. Elle a étudié au Nigéria, en Angleterre et aux États-Unis. Elle  vit dans le Mississipi depuis une quinzaine d'année. C'est une romancière, nouvelliste et dramaturge. Elle a reçu en 2006 le prix Wole Soyinka pour son premier roman Le meilleur reste à venir (Everything good will come) (2005). Avec Nouvelles du pays ( News from home) (2009), elle a été la dernière lauréate du prix Noma, prix reçu par  Mariama Bâ en 1980 pour son  roman: Une Si Longue Lettre

Nouvelles du pays m'a donné envie de connaître les autres œuvres de cette auteure.

14 mai 2013

Reines d'Afrique et héroïnes de la diaspora noire - Sylvia Serbin

J'ai découvert Sylvia Serbin et son ouvrage , il y a quelques années déjà lorsque je regardais assidument l'émission B.World connection . C'est une émission qui souligne l'apport des peuples noirs à l'héritage universel. Elle tente d'éduquer les jeunes issus du peuple noir en leur apportant des éclairages, mais surtout en leur donnant des exemples de réussite auxquels ils peuvent se référer.

L'auteure était donc incontournable pour l'émission en raison de la teneur inédite de son ouvrage, mais également pour sa perspicacité et la persévérance dont elle a fait preuve pour mener à bien cette entreprise.

Elles s'appelaient Abla Pokou, Anne Zingha, Ndete Yalla, Yennega, Ravalona III.... Elles étaient adulées et craintes par leur peuple. Elles haranguaient les foules, conduisaient des armées, faisaient preuve de bonté, d'abnégation ou d'extrême cruauté; étaient de fins stratèges ou d'implacables intrigantes...
Elles étaient mère ou sans enfants, avaient des défauts , des faiblesses, ont été victime ou  martyr...

Ce sont les Reines, femmes d'influence, résistantes, prophétesses, mère de héros/fondateur d'empire, guerrières du peuple noire dont Sylvia Serbin dresse le portrait. Vingt-deux femmes remarquables ayant marqué l'histoire de l'Afrique et de sa diaspora, de l'Antiquité au début du XXème siècle, méconnues ou risquant de tomber dans l'oubli.

L'auteure nous fait découvrir ou redécouvrir ces femmes sans les sublimer. Elle nous les présente avec leur bon et mauvais côté suscitant successivement respect, admiration, choc ou répulsion chez le lecteur.

On peut donc s'identifier à elle, à leur qualité ou leur défaut. Sylvia Serbin n'a idéalisé personne afin de rester objective, mais surtout crédible.

Ainsi les femmes que nous découvrons, viennent de différentes régions du continent et reflètent la diversité des modes de vie et de culture de l'Afrique précoloniale. En effet, au-delà de chacun des portraits l'auteure s'attache à nous expliquer le fonctionnement de leur société respective ; organisées, structurées, politisées, qui commercent avec leurs voisins et sont porteuses de valeurs universelles contrastant avec les idées véhiculées selon lesquelles avant leurs "découvertes", les sociétés africaines étaient figées ou peuplé uniquement de tribus guerrières, de cannibales ou d'arriérés...

Chacun des portraits s'inscrit dans un contexte particulier qui permet à l'auteur de nous éclairer sur certains faits historiques ou personnages contemporains de l'héroïne concernée. Elle nous parlera entre autres de la traite des Arabes, des échanges commerciaux entre les deux rives du Sahara ou encore de l'islamisation de l'Afrique... Elle nous parlera également du général Faidherbe, du mansa Kankan Moussa, l'homme qui a suscité les convoites et l'obsession des Européens pour l'Afrique, de Soundjata Keita ou encore Shaka Zulu...

L'auteure restitue Néfertiti à l'Afrique comme pour nous rappeler que l'Égypte fait partie du continent et qu'il ne s'agit pas d'une entité à part. Les chercheurs occidentaux font souvent référence à cette dernière pour souligner sa beauté exceptionnelle. Dans le livre, elle fait partie des femmes de pouvoir et d'influence. On apprend qu'en plus d'être belle, elle a joué un rôle considérable en Égypte en influençant la plupart des décisions de son époux.

Elle nous parle d'Harriet Tubman des États-Unis qui mériterait de "figurer dans quelque panthéon de héros universels pour avoir, au péril de sa vie, aidé des centaines de Noirs à fuir la férocité des plantations du Sud" ou encore de la mulâtresse Solitude; chapitre où elle brosse le portrait de la société guadeloupéenne où règne la pigmentocracie. Malheureusement, ces femmes sont uniquement célébrées dans leur communauté respective. 

En présentant ainsi des femmes d'Afrique , des Antilles et des États-Unis dans le même ouvrage, Sylvia Serbin fait de son livre un pont pour rapprocher ces communautés qui bien souvent refusent de s'identifier les unes aux autres pour diverses raisons, ralentissant ainsi la création d'une mémoire collective.



Sylvia Serbin, semble, elle, ne pas avoir eu de mal à s'identifier à l'une ou l'autre de ces communautés pour produire ce travail . D'origine Afro-antillaise (Martinique), elle est née et a grandi en Afrique où elle a vécu une trentaine d'années. Son métier de journaliste lui a permis de beaucoup voyager et d'interroger les traditions orales des pays dans lesquels elles se rendaient. Ces informations, couplées à celles qu'elle trouvaient dans les archives d'explorateurs occidentaux, arabes et autres ; lui ont donné des dates et faits précis, des informations objectives incontestables que l'on retrouve dans l'ouvrage.

Le véritable déclic pour l'écrire lui est venu de sa fille, qui à l'âge de 8 ans, après avoir regardé Pocahontas, lui demande "comment se fait-il que tous les autres pays aient des femmes célèbres et pas les gens comme nous ?... On n'existait pas avant ?".

Dès les premières lignes , l'auteure nous dit donc ceci :
" À qui ferait-on croire, en effet, qu'une moitié du genre humain serait restée muette, inactive, silencieuse, absente, transparente même, tandis que l'autre partie s'affairait à
combattre, à diriger, à construire, à protéger ? Pas même à la plus candide des intelligences. Car depuis que le monde est monde, les femmes aussi ont fait bouger les choses et il serait vain de faire croire que l'animation des scènes historiques ne relève que des hommes. Ailleurs, sous bien des latitudes, un nombre croissant d'auteurs d'attellent à une relecture du passé pour y trouver des tempéraments féminins à valoriser, fussent-elles épouses ou favorites de rois. Mais jamais aucune femme noire n'a été consacrée comme héroïne dite universelle".

Ainsi à travers cet ouvrage l'auteure souhaite donc célébrer les reines et héroïnes noires, leur rendre hommage, mais surtout faire en sorte que leur souvenir ne disparaisse pas de nos mémoires. Elle souhaite également que les enfants issus des peuples noirs aient un autre patrimoine que celui de l'esclavage et de la colonisation pour se construire une identité forte. Enfin elle souhaite que les femmes noires, bien souvent absentes de la mémoire collective, se rappellent (ou sachent) qu'elles ont joué des rôles primordiaux dans les combats de l'humanité.

18 avr. 2013

Odwira ou les écueils d'une vie de bonne ( Tome 1) - Essie Kelly

Bien souvent nous ne prenons pas la peine de lire de nouveaux talents jusqu'à ce que ces derniers fassent définitivement leur preuve en devenant des auteurs qui bénéficient d'une plus grande visibilité, et ce, notamment après avoir publié plusieurs œuvres.

Essie Kelly , elle, semble avoir pris les choses en main, en mettant à profit les moyens de communication modernes que sont les réseaux sociaux. C'est grâce à facebook que j'ai entendu parler de son ouvrage pour la première fois . Puis j'ai découvert sa page de fans. Ce sont les extraits de son roman qu'elle a publié puis ses petites phrases très poétiques et imagées qui m'ont donné envie de lire Odwira.

J'ai donc commandé son roman. Je l'ai récupéré dans ma boîte aux lettres hier soir en rentrant. J'avais décidé de ne lire que quelques pages avant de dormir et finalement , n'ayant pu m'arrêter, je l'ai terminé le soir même.

Le livre nous captive dès la première page en raison de la qualité de l'écriture et des descriptions qui nous permettent dès le début de sentir de l'attachement ou de la répulsion pour les personnages. Comme un sinistre présage, les premières pages nous font réaliser qu'Odwira a eu une vie difficile et que la suite ne sera pas de tout repos. En effet, contrainte à arrêter ses études afin de travailler pour aider financièrement sa famille, la jeune fille sera projetée dans un monde où tout lui échappera. Livrée à elle-même; elle devra trouver la force de sortir de cet enfer, ne serait-ce qu'avec de simples échappatoires mentales.


À travers l'histoire d'Odwira, Essie Kelly souhaite nous faire plonger dans la réalité difficile des jeunes bonnes. Elle souhaite attirer notre attention sur la vie de ces filles, qui ne sont , parfois , que des enfants lorsqu'elles commencent ce travail , qu'elles l'aient décidé de leur plein gré ou non. Ces dernières, bien souvent livrées à elle-même subissent des abus en tout genre inhérents à leur méconnaissance de leurs droits non pas en tant que travailleuses, mais en tant qu'enfants. 

L'auteur se sert de son roman pour attirer l'attention et sensibiliser son lecteur à d'autres problèmes et questions de société tels que la condition de la femme , la question du sida, de l'insalubrité et bien d'autres encore.



Au-delà de l'histoire difficile d'Odwira et des sujets graves qu'elle aborde, il m'était impossible de décrocher et ce d'autant plus qu'elle parle de lieux que je connais , d'habitudes que j'ai, car l'histoire se déroule dans la capitale ivoirienne. Ma partie préférée est sans aucun doute celle du marché. Je pense que toutes les Africaines qui liront cette partie, ne pourront s'empêcher de rire ou de sourire. Elle nous permet de "souffler un peu" , car l'histoire d'Odwira nous prend aux tripes.



J'ai hâte de lire la suite...

8 avr. 2013

Climbié - Bernard Blinlin Dadié


Premier roman ivoirien, paru en 1956, Climbié, signifie en N'zima ( ethnie du grand groupe des Akans) : plus tard. Il s'agit d'un roman autobiographique qui raconte le parcours du jeune Bernard Dadié depuis son village natal, jusqu'à Grand-Bassam, première capitale de la Côte d'Ivoire,  Bingerville seconde capitale du pays ; Gorée, capitale de l'AOF, où se trouve l'école Normale Supérieure William Ponty et enfin Abidjan.

Le roman se divise en deux parties et se déroule en pleine période coloniale. Dans la première partie, nous suivons le parcours scolaire du jeune garçon en Côte-d'Ivoire, jusqu'à son admission à William Ponty. Dans la seconde nous le suivons à Dakar, où il vivra de nombreuses années avant son retour en Côte-d'Ivoire, où il commence à militer au sein du RDA (Rassemblement Démocratique Africain).



Dans la première partie, le lecteur constate très vite le contraste entre la  vie de Climbié au village puis celle qu'il mènera dans les deux grandes villes du pays. En effet, au village, il vit avec son oncle N'Dabian, , un planteur qu'il considère comme son père. Il y reçoit une éducation traditionnelle faite de soirées à écouter des contes et de journées passées au champ. C'est une période d'insouciance que son oncle tentera de faire durer le plus longtemps possible jusqu'à ce que Climbié soit obliger de le quitter pour aller à Grand-Bassam pour "l'école des blancs".

 En ville, rien ne sera plus pareil.  Le jeune Climbié constate que les  habitants de Grand-Bassam,  croulent sous le poids des différentes règles et mesures caractérisant cette époque, qui tentent de les soustraire à leur "sauvagerie". Ainsi, de nombreuses mesures sont prises par les autorités, selon les circonstances. Celles qui marqueront Climbié seront l'interdiction des tams-tams parleurs, "compagnon de joie" qui résonnent tous les soirs,  en cas de décès d'un blanc ou encore l'interdiction des dialectes à l'école...
 Tous les enfants sont obligés de fréquenter l'école de la République qui semble être est une machine à commis, au service de l'administration française.  Tout le monde rêve de devenir commis pour travailler pour les Européens, gage de réussite. "Et chacun tenait à ce que son enfant sortît commis. De là la désaffection pour les travaux de la terre. Planter , s'aggriper au sol, refuser de se laisser déraciner et emporter par la vague torrentielle des modes , refuser de se laisser ballotter par les tourbillons de conceptions plus ou moins contradictoires, c'était hélas vouloir rester "sauvage", tant les villes attiraient, fascinaient" p70. Ainsi s'amorça l'exode rural, aggravé par les tributs trop lourd qui pesait sur les villages et auxquels la population essaye de se soustraire en s'installant en ville.

Dans la seconde partie du roman, à Gorée, Climbié sera confronté à une autre réalité, plus difficile et déroutante encore. Mais celle-ci sera déterminante pour la suite ,notamment pour son brillant parcours politique mais également pour son parcours littéraire ...

Ainsi dans Climbié, nous découvrons le parcours de Bernard Dadié, figure de proue de la littérature ivoirienne; auteur de nouvelles, romans, poésies militantes, de théâtre, d'essai et lauréat à deux reprises du Grand Prix Littéraire d'Afrique Noire pour Patron de New York (1965) et La ville où nul ne meurt (1968).

Il aborde les nombreuses questions qui ont alimenté son parcours et ses réflexions ; notamment le rôle des divers types d'instruction, la  lutte contre le colonialisme et les injustices, la lutte pour l'indépendance et la démocratie, la lutte pour la valorisation  et la conservation de la culture et des identités africaines et bien d'autres encore...

C'est un roman intéressant, qui nous replonge dans la vie de cette époque, notamment à Grand-Bassam ou encore à Gorée  où les fortes présences européennes affectent directement  le quotidien de leurs habitants. Bien que l'auteur soit très critique ,envers la figure du colon, son roman est émaillé de nombreux messages de tolérance : " Tes études t'apprendront à secourir tout homme qui souffre parce qu'il est ton frère. Ne regarde pas jamais sa couleur, elle ne compte pas. Mais en revanche ne laisse jamais piétiner tes droits d'homme , car même dans le plus dur esclavage, ces droits-là sont attachés à ta nature même." p51
On y retrouve également de nombreuses préconisations : " Dans le monde actuel, les ignorants n'auront pas de place. L'homme instruit est un lion. Instruisez-vous, sans cependant abandonner vos coutumes". p.55 qui témoignent de son attachement à l'instruction et à la culture de son continent, auquel il  a rendu hommage à travers ses nombreuses œuvres.