29 janv. 2013

The First Rasta - Hélène Lee


Le premier Rasta c'est l'histoire d'un homme : Leonard Percival Howell (1898 -1981), qui a voulu libérer les afro-jamaicains de Babylon ou l'Establishment. C'est l'histoire d'un homme oublié, longtemps considéré comme un fou, qui pourtant , a su judicieusement  allier différentes influences, idées et croyances  pour tenter de libérer son peuple.

Son histoire nous est racontée par Hélène Lee, journaliste française, spécialiste des musiques jamaïcaine et ouest-africaine.  Passionnée et intriguée par Leonard Howell, le lecteur la suivra dans ses pérégrinations en Jamaïque entre les quartiers pauvres de Kingston (Trenchtown) et la campagne;  à la rencontre des souvenirs et témoignages de personnes qui ont connu Howell, l'ont cotoyé ou encore vénéré. Ces précieuses informations, souvent racontées comme des légendes, car Howell était vu comme tel, peuvent être considérées comme issue de la tradition orale Rasta. Hélène Lee fournira alors un travail remarquable basé sur des conjectures, la mémoire des personnes qu'elle rencontre, les articles et archives jamaïcaines, américaines et anglaises disponibles sur Howell.

Si Howell a laissé des traces , certes floues, un peu partout dans le monde c'est parce qu'il est très tôt , obligé de quitter la Jamaïque;  après avoir assisté à un meurtre, alors qu'il était assis du haut d'un arbre. Cet "incident" constituera, le premier d'une série de long mythe sur le personnage. Il partira ainsi vers les chantiers du Canal de Panama , à Colòn, la "Capitale du monde", dans le New York bouillonnant du Harlem Renaissance où il rencontre Marcus Garvey et d'autres militants du nationalisme noir. Il fera , pendant 12 ans, le tour du monde, sur des bateaux de transport de troupes de l'armée américaine en tant que cuisinier.  Lorsqu'il rentre en 1932 en Jamaïque, il n'est plus le même et se donne une mission ...

Pendant ce temps-là ,la "prophétie" des Psaumes , rendue célèbre par Marcus Garvey, se réalise en 1930, avec le couronnement du negus: TAFARI Makonnen , fils du RAS Makonnen; qui revendique son ascendance biblique et règnera sous le nom d'Haile Selassié I (Puissance de la Trinité) avec pour  titres : Negus des Negus d'Éthiopie, Seigneur des Seigneurs, Lion conquérant de la Tribu de Judah, Lumière du monde, Élu de Dieu. 
Leonard Percival Howell, sait désormais comment libérer son peuple.

De retour en Jamaïque, il commence à distribuer des portraits de Selassié, empereur africain, libre et RESPECTÉ , par tous , même par la Couronne . Il ne parle pas de Selassié comme un Dieu mais plutôt comme le seul noir, empereur, avec des titres comme ceux que l'on retrouve dans la Bible. À l'époque , il n'y avait  aucun modèle noir auxquels les afros-jamaïcains, écrasés par la couronne, auraient pu se référer, en qui ils auraient pu espérer. Il leur dit alors que seul Haile Selassié serait en mesure de les comprendre et  les aider et que c'était donc vers lui qu'il fallait se retourner.
La population, illettrée, se référant très souvent à la Bible , transposera littéralement les paroles d'Howell et fera de Haile Selassie I son Dieu vivant. Cela a sûrement été aggravé par le reggae et notamment le fait qu'une icône comme Bob Marley chante la magnifique (mais scandaleuse ? ): "Selassie is the chapel" : http://www.youtube.com/watch?v=0LRlmCko58o )

Howell ira plus loin en soulignant qu'il y avait enfin un gouvernement noir souverain, une nation noire souveraine et c'est à cette dernière qu'il fallait faire allégeance, en ignorant la couronne anglaise. C'est alors que commenceront les persécutions, incarcérations, séjours forcés à l'asile de celui qu'on appellera  le GONG.

Howell reste inébranlable malgré les épreuves et continue à prêcher le mouvement rasta. Il créera le Zion, ou Paradis sur terre : ce sera le Pinnacle, la première communauté Rasta, qui comptera à son apogée près de 4500 membres et  deviendra la première entreprise industrielle de production de marijuana; s'attirant les foudres et convoitises des barons de la drogue, des politiciens...

Dans les années 1950, la communauté du Pinnacle, est contrainte de s'éparpiller, diffusant sa philosophie dans tous les ghettos de l'île. Le Gong, Howell tombe dans l'oubli mais son message trouve des adhérents. C'est "in the governement yard in trenchtown" , que Bob Marley reprend le flambeau et décidera , contrairement au Gong , d'être plus "tuff" en ne tombant jamais dans l'oubli et adoptera  le sobriquet  :"Tuff Gong".




Hélène Lee, en abordant le mouvement sous toutes ses coutures : influences, évolutions, origines des pratiques, déconstruit les clichés. Elle explique ainsi, la nécessité éprouvée par Howell et les autres prêcheurs,  de créer un tel mouvement pour l'émancipation politique, économique et culturelle des afros-jamaïcains de l'époque. Cette démarche (de l'auteure) était nécessaire car la radicalisation de certains ordres, les dérives  et l'image bien souvent répandue du rasta high en train de fumer un joint, imitée par les jeunes "rebels" du monde entier ( qui ne savent pas grand chose sur le courant), pousse les gens à associer les rastas à des voyous, indignes de considération ; les empêchant ainsi d'aller au-delà des clichés et d'interroger la philosophie.

Enfin, au-delà du mouvement rasta, l'auteure, à travers l'histoire du "mystic man", brosse le portrait historique, politique, économique et culturel complexe de la Jamaïque de ces 150 dernières années. Elle nous montre comment, un petit groupe d'anciens esclaves, illettrés, méprisés et persécutés, mené par le Gong réussit à imposer sa philosophie, forger l'identité culturelle de la Jamaïque et à exporter cette dernière qui constituera l'un des mouvements les plus populaires du XXe siècle.

Étant une grande fan de reggae et m'intéressant à la culture Jamaïcaine, inutile de vous dire que j'ai adoré ce livre qui m'a permis d'en apprendre davantage sur l'histoire de cette musique,  sur la place de l'Afrique dans l'imaginaire des rastas et bien évidemment sur la vie étonnante du Gong. 
En plus de la vie de ce dernier, l'auteure mentionnera brièvement le parcours de nombreux "culture changer" et personnages complexes qui ont influencé les communautés noires des États-Unis, des Caraïbes et l'Afrique. Je le recommande à tous les amoureux de reggae et tous les curieux!

Pour ceux qui lisent moins :-), voici le lien du documentaire, du même titre, produit par Hélène qui est très intéressant mais, en raison de contraintes évidentes, moins complet que le roman :
"Une histoire que l'on vous a cachée est sûrement vraie "


Je terminerai avec cette chanson de Burning Spear, "Man in the hills" que j'aime beaucoup et qui parle peut-être du Pinnacle ou des Marrons qui se réfugiaient généralement dans des endroits inaccessibles lorsqu'ils s'enfuyaient :  

12 janv. 2013

The Fate of Africa - Martin Meredith


Auteur de nombreux ouvrages sur l'Afrique tel que Born in Africa : the quest of the origins of human life , Diamonds ou encore Mandela : A Biography; Martin Meredith, historien, journaliste et biographe ; tente dans The fate of Africa d'éclairer le lecteur sur la situation actuelle de tous les pays africains à travers leur histoire récente, depuis les indépendances. Tout au long des 700 pages, le lecteur voyagera du  Nord au Sud , de l'Est à l'Ouest; plongera dans la vie des grands acteurs de chacun des pays : militants, activistes, héros, dinosaures au pouvoir, ou encore "martyrs"...

Je ne sais par où commencer ...

J'ai mis plus d'un mois à terminer cet essai qui, aujourd'hui, me semble être indispensable pour tous les amoureux du continent et pour toutes les personnes qui s'intéressent à son histoire, sa politique et surtout son  actualité.  Lorsque l'on écoute les différents journaux qui font le tour de l'actualité africaine, bien souvent ( en ce qui me concerne en tout cas), on entend parler d'évènements/problèmes dont on ne connait pas toujours l'origine; ou encore d'évènements dont on entend parler pendant des mois voire des années en sachant vaguement de quoi il s'agit réellement. Pour faire court, j'écoutais les informations de ma région d'origine avec beaucoup d'attention et les autres, un peu plus passivement car je ne savais pas grand chose sur ces régions lointaines. Mais aujourd'hui, grâce à ce bouquin, j'ai l'esprit plus actif/critique quand je clique sur les journaux Afrique. Cet essai aiguise ma compréhension des évènements qui ont lieu dans mon Afrique de l'Ouest mais également dans toutes les autres régions du continent. Il m'a également donné envie de continuer à en apprendre encore et encore , je n'hésiterais pas à relire certains chapitres quand le besoin s'en fera ressentir... Chacun des chapitres , construit comme des nouvelles, racontées avec du suspens et des rebondissement ; est un véritable cours qui permet de mieux comprendre l'histoire récente des pays concernés ; essentielle pour comprendre leur évolution et situation actuelle. The Fate of Africa , au premier abord, parait intimidant mais dès qu'on le commence, il est impossible de s'ennuyer et de ne pas le terminer.

De cet essai, je retiendrais principalement que bien que l'Afrique soit plurielle car l'histoire précoloniale de chaque pays est différente, l'organisation coloniale et son héritage également , les orientations prises par les différents leaders d'après indépendance étaient différentes également; il y a tout de même de nombreuses constantes si l'on " ne cherche pas plus loin". En effet, d'abord modelés selon les intérêts/succès des puissances coloniales, puis euphorique avec les promesses d'indépendance et l'accession à celle-ci, l'histoire de la plupart des pays va finalement virer au cauchemar notamment dans ce que l'on appelle le processus de démocratisation et ce pour de multiples raisons. Elles sont toutes connues mais il est intéressant de voir le rôle que chacune d'elles à jouer dans chaque pays, à différents degrés. 

En tentant de les regrouper comme suit, j'ai été replongée dans un de mes cours de l'Université de Montréal, intitulé "enjeux politique en Afrique" . Je vais donc m'inspirer de notions que j'ai apprise  pour tenter de décortiquer les grandes tendances que l'on peut faire ressortir de The fate of Africa. 

Il y a des raisons culturels , qui sont évidentes. L'auteur ne mentionne pas la thèse selon laquelle les cultures et pratiques africaines pré coloniales seraient peu propices à la démocratie ou au développement. Il affirme  plutôt qu'entre autre, le fait d'obliger différentes ethnies  à cohabiter au sein d'un espace déterminé aura eu un impact sur la transition démocratique ( libéralisation puis phase de consolidation). La diversité ethnique et religieuse semblerait être un obstacle au processus de démocratisation car elle pousserait les individus à se battre pour les intérêts de leur groupe plutôt que pour ceux de la nation (concept alors récent, qui a été forcé et pas encore bien "intégré" par les populations). Mais alors que dire du cas de la Somalie, le seul pays qui , au sortir de la colonisation , avait une véritable homogénéité ethnique et culturelle  et qui s'est pourtant retrouvée dans une guerre ? Et ceux dont la relative hétérogénéité culturelle n'a pas engendré de problème ? En réalité, la diversité n'est pas réellement le problème mais la politisation de cette dernière.

Il y a ensuite des raisons économique. L'auteur ne mentionne pas que l'économie coloniale était fondée sur 3 exigences, qui ont survécu après la colonisation : l'impératif de revenue et d'autonomie des colonies, l'impératif d'accumulation de la puissance coloniale  et l'impératif d'articulation à l'économie de la métropole. Ces derniers, ont engendré une extraversion et désarticulation des économies africaines , la mise en place d'un système économique essentiellement de rente et une valorisation externe de nos richesses. Mais dans deux chapitres intitulés "The slippery slope" (16) et "The lost decade" (22), l'auteur tente d'expliquer les raisons de ses fiascos économiques, qui sont à la fois les explications et le résultats de l'échec des processus de démocratisation. 
"The slippery slope" nous explique qu'en 1970, le continent africain connait une séries de calamités  ( sécheresse, baisse des niveaux de production agricole, baisse du niveau du Lac Tchad..) aggravées par des facteurs externes ( récession mondiale, choc pétrolier). Toutefois, selon l'auteur "real problems were not due to external factor but rather internal ones" : corruption et néopatrimonialisme, course aux ressources/richesses qui engendre des conflits, manque d'investissements , système inadéquat de commercialisation , manque d'équipements, personnels peu qualifiés... Selon ce dernier, l'histoire du Ghana à cette période, illustrerait parfaitement le déclin d'une Afrique dans laquelle le seul secteur florissant était le kalabule- le marché noir.
Dans "The lost decade", il explique que " So steep was Africa's economic decline during the 1980s that it became known as the lost decade"p.368. C'est la décennie durant laquelle le niveau de vie baisse dramatiquement, les infrastructures issues de l'ère coloniale tombent en décrépitude, la fuite des cerveaux s'amorcent, le secteur informel se renforce, le marché noir est roi et les ajustements structurels font leur apparition. Le Ghana devient alors la "star performer" de ses ajustements structurels sous Rawlings. Au détriment de la dette du pays, qui double entre 1983 et 1988.
Ainsi , ces mesures imposées par les institutions internationales n'auront pas les effets escomptés et la Banque Mondiale arrivera à la conclusion selon laquelle " economic growth alone would not solve the crisis, political reform too was essential".  On assistera  alors  à l'apparition de la conditionnalité démocratique en matière d'aide publique au développement.

Il y a le facteur institutionnelle. L'auteur mentionne brièvement ,dans son introduction, l'impact de la colonisation sur les formes d'organisation territoriale en Afrique en parlant de la conférence de Berlin et de la manière dont les états ont été construits , modelés selon les conquêtes/intérêts. Mais l'auteur ne mentionne pas que les différents modèles de domination ( directe/assimilation, indirect rule, colonie de peuplement...) ont des impacts différents sur les États postcoloniaux. Dans le cas des colonies portugaise par exemple, marquée par la désorganisation , la violence et les travaux forcés , les élites de l'après indépendance ont continué à reproduire ces "traits"...  Ainsi, les états postcoloniaux africains sont des États hybrides  car héritier de l'Afrique traditionelle, coloniale et postcoloniale. Dans les années 1960 , on assiste à une diversification de régime autoritaire à travers les régimes de parti unique, ceux d'orientation marxiste, les régimes populistes (les meilleurs), les sultanismes (pire )et les régimes d'apartheid (pire)...Avec la vague de démocratisation des années 1990, ces régimes disparaissent. Bien que différent, ils partageaient toutefois un trait commun, qui a aujourd'hui un impact dans tous les pays : la gestion néopatrimoniale. Elle engendre une tendance à la corruption,  aux systèmes de patronage et la difficulté du développement. Elle engendre également une tendance à l'autoritarisme et une prédisposition aux conflits. Elle engendre une difficile institutionnalisation du pouvoir et la fréquence des alternances violentes. Enfin, elle engendre une tendance à l'écrasement de la société civile.

 La gestion néopatrimoniale est indissociable du facteur stratégique (les leaders comme force politique) . Le facteur stratégique est selon moi celui que l'auteur a privilégié tout au long de son travail. En effet, il brosse le portrait historique des pays à travers l'histoire et le parcours des acteurs importants de ces derniers ; notamment celui qui a conduit à l'indépendance puis par la suite les grands acteurs politiques qui ont marqué/forgé l'histoire récente de chacun d'entre eux. Le parcours de ces derniers, permet bien souvent de mieux comprendre l'orientation qu'ils ont donné aux pays qu'ils ont gouverné. Bien souvent les leaders de l'indépendance étaient des héros , plein de bonne volonté qui ont très vite montré leurs limites et démontrer de nouvelles motivations. Entraînant les peuples de l'euphorie au cauchemar...
L'histoire des pays est donc indissociable de celle de leur leader et l'auteur l'a bien compris en procédant de la sorte.

Enfin, il y a le dernier facteur, qui à mon humble avis est le plus important : car il englobe tous les autres facteurs : l'histoire. À travers l'histoire RÉCENTE de tous les autres facteurs on sait comment nous en sommes arrivés là. L'histoire est déterminante et permet d'expliquer le développement de certains processus ou encore caractères propres à des pays ou sociétés. Elle permet même parfois de prédire l'évolution de ces derniers d'où sont importance.

Ainsi, la culture, l'économie, les institutions, les leaders comme force politique et l'histoire sont les cinq grands facteurs qui ont influé, à divers niveaux et degrés, sur le cours de l'histoire des pays africains notamment dans les processus de démocratisation, conduisant aux situations diverses que l'on connait aujourd'hui malgré les quelques "constantes" de départ.




Les histoires qui m'ont le plus choquée sont celles de la Guinée équatoriale , de l'Ouganda et de la Centrafique , avec leurs leaders adeptes de sacrifices humains et bien d'autres horreurs... Il y a également les histoires tragiques de la région des Grands Lacs qui s'interpénètrent et s’entraînent mutuellement dans des cauchemars  encore aujourd'hui: Rwanda, Burundi, Ouganda, RDC... Enfin la guerre au Libéria et en Sierra Leone avec leurs enfants soldats...
Il y a également la politique de l'Ujamaa de Julius Nyerere qui m'a fait penser à la politique de collectivisation forcée et brutale du régime du Kampuchéa (Khmer rouge) et ses conséquences désastreuses...
Il y a celles qui m'ont étonnée : le Mobutuism, le Nkrumaism, le Bourguibaism et autres politiques d'africanisation ou arabisation qui semblaient plutôt être l'expression de la mégalomanie des leaders concernés... 
Il y a celles qui m'ont fait froid dans le dos : le dénie de l'existence du Sida par Thabo Mbeki puis son entêtement qui ont engendré la mort de plus de 300 000 personnes en Afrique du Sud ou encore la chasse aux intellectuelles opérées par certains leaders...
Il y a celles qui m'ont déçue car elles m'ont révélé des choses que j'ignorais soit en démystifiant un leader que j'aimais bien, soit en  me faisant réaliser combien de véritables héros de l'après indépendance, sont devenus irascibles, incohérents parfois au point de faire partie , aujourd'hui, de la catégorie des rhinocéros /dinosaures encore au pouvoir...
Puis il y a celles qui émerveillent, les plus positives finalement ( Afrique du Sud, Botswana, Sénégal) mais dont la bonne évolution ne semble pas toujours irréversible, bien souvent, encore une fois, à cause des actions/inactions de leur leader ( Sénégal ,Afrique du Sud). Le Botswana semble être l'incontestable exception africaine.

The fate of Africa est donc un travail important et impressionnant réalisé par Martin Meredith. Chacun des chapitres concerne un pays ou un sujets transversales comme l'économie, le sida, l'apparition des islamistes radicaux au Maghreb , le concept de la Renaissance Africaine et bien d'autres encore... Il y a également des annexes avec quelques photos de dirigeants ou d'évènements importants...

Bien qu'il permette de comprendre notre histoire récente, il ne doit pas nous faire oublier que la situation actuelle du continent africain est le fruit d'un processus complexe qui a commencé bien avant la période des indépendances, bien avant la période de l'arrivée des premiers explorateurs car lorsque ces derniers sont arrivés, l'Afrique connaissait déjà des bouleversements internes qui l'ont fragilisé et l'ont rendu plus vulnérable aux agressions/agresseurs externes.
 Nous devons nous rappeler que notre histoire ne commence pas en 1960 et c'est aux africains de faire le travail et les recherches nécessaires pour produire des volumes aussi importants sur notre histoire précoloniale et ses mystères. 

Je terminerai avec une phrase surprenante de la part de la personne qui l'a émise : Hastings Banda, président du Malawi de 1968 à 1994, prononcée bien évidemment, après son règne " This is the trouble in Africa today : too many ignorant people who do not know anything about history"..."And if they do know anything about it they do not know how to interpret and apply it. That is why Africa is a mess. That is the tragedy of Africa : too many ignorant people are in position of power and responsibility." p.409

30 nov. 2012

La belle histoire de Leuk-le-Lièvre - Léopold Sedar Senghor , Abdoulaye Sadji


Lorsque Karen, une amie de ma sœur, à découvert , presque scandalisée que je ne connaissais pas Leuk-le-Lièvre; elle s'est donnée pour mission de m'offrir ce conte aussi vite qu'elle le pourrait. C'est chose faite , j'ai reçu ce petit cadeau avant les fêtes de fin d'années et je l'ai lu.

Je dois vous avouer qu'il y a quelques jours encore, les contes de chez nous , ne m'étaient pas très familiers;  car pendant mon enfance, j'ai  beaucoup plus entendu parler des fables de La Fontaine et des contes de Perrault. J'irai même plus loin en vous avouant qu'il y a quelques années encore je n'aurais pas pris la peine de lire ce "truc" qui est pourtant une petite merveille, un véritable régal ! Au bout de quelques chapitres, j'étais aussi captivée par l'histoire que l'auraient été mes deux dernières petites sœurs Kadjéli et Mynda. 

Lorsque l'on commence le livre, nous sommes plongés dans "l'esprit" de toute l'histoire faite d'intrigues, de surprises, de morales. En effet, Leuk-le-Lièvre, personnage principal, rentre dans le conte d'une façon pour le moins surprenante. J'avoue avoir eu un peu de "mal" avec cette "entrée" et m'être braquée. Puis je me suis dit que je devais essayer d'être un peu plus ouverte car c'était une histoire pour enfants... 

C'était réduire la portée de cette aventure si belle, si profonde mais surtout si surprenante, écrite de mains de maîtres!

Leuk, au départ , arrogant, espiègle, effronté et astucieux ; joue de mauvais tours à tout ceux qu'il croise sur son chemin , qu'ils soient animaux ou hommes. Étant réputé pour être l'animal le plus intelligent de la brousse, il se fera surtout remarquer pour ses frasques et sa témérité qui le mettront dans des situations cocasses. Il se retrouvera souvent dans les "pattes" de Bouki-la-hyène qui, exaspéré par ses dénonciations et mauvais conseils, deviendra son pire ennemi. Les deux "personnages" se rencontreront tout au long de l'histoire, on assistera à la naissance d'une relation ambiguë : tantôt s'entraidant presque afin de trouver à manger , principale préoccupation de tous les animaux de la brousse, tantôt s’entraînant mutuellement vers le danger. Les mésaventures de Bouki-la-hyène m'auront tellement fait rigoler qu'il m'arrivait de relire certains chapitres. La naïveté et l'égoïsme dont il fera preuve faciliteront la tâche à Leuk-le-Lièvre, et ce, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Puis lorsque survient un évènement aussi tragique qu'inattendu,  Leuk-le-Lièvre fait une introspection et prend la décision de se "convertir et employer tout le temps qui me reste à m'instruire et à devenir meilleur"p121. Commence alors ce que j'appellerai un véritable parcours initiatique. Leuk décide de s'entourer des meilleures personnes possibles pour changer de vie car " pour bien se conduire, il faut avoir de bons compagnons, honnêtes et serviables, qui sont des modèles car ils ont beaucoup de qualités" p122, il ira à la rencontre de Serigne N'diamala-la-girafe, considéré comme l'animal le plus sage. Leuk prendra alors de difficiles décisions, entreprendra un grand voyage afin d'acquérir plus de connaissances et mettre à l'épreuve sa patience et son caractère.

La rencontre avec le petit garçon Samba Nouveauné consacrera ce parcours initiatique. Leuk mettra ses connaissances et sa sagesse au service du petit garçon, dont il deviendra le protecteur et précepteur. Il développera une manière de l'instruire au travers de devinettes, légendes et questions difficiles  qui amuseront et développeront la réflexion du petit garçon mais également des lecteurs, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes. Leuk sera un personnage clé pour le devenir de Samba...


Ainsi,de personnage peu recommandable, Leuk , à force de volonté, persévérance et dépassement de soi devient par la suite, un véritable exemple, je dirai presqu'un sage ! Son parcours amènera les petits (comme les grands) lecteurs, à s'interroger sur la tolérance, le pardon, la gentillesse, le dévouement , les remises en question...

 En plus des valeurs morales qu'il véhicule, ce conte , issu de la tradition orale, est une richesse du patrimoine culturel du continent. Certains chapitres pourraient aisément être apparenté à des mythes car ils tentent de nous expliquer l'origine de nombreux aspects de notre vie de tous les jours notamment de comportements répandus. Un de ces chapitres m'a particulièrement marqué car il pourrait être associé au débat "tradition vs modernité" car la femme de Bouki-la-hyène donne un cours d'astronomie à ses enfants d'un point de vue "traditionnel" puis Bouki la reprend en leur redonnant ce cours avec les connaissances, sciences occidentales. Les enfants trancheront en disant ceci à leur père : " La légende de maman nous a beaucoup amusé mais ne nous a pas instruit, tandis que ton enseignement augmente nos connaissances" p68 Les petits lecteurs recevront donc tout au long de l'histoire des "cours" sur l'alimentation, l'anatomie , sur les animaux de la brousse bien évidemment et bien d'autres encore...

Toutefois, il faut souligner que l'intention principale de Léopold Sédar Senghor et Abdoulaye Sadji (auteur de Maïmouna et d'autres contes) en écrivant ce conte, était d'en faire " un manuel de lecture destiné aux élèves du cours élémentaires de l'Afrique noire" afin qu'ils apprennent les "rudiments de la langue française en puisant dans le trésor des contes". En effet, il familiarisera les enfants avec la grammaire et conjugaison française, avec de nouveaux mots de vocabulaire; mais également  avec des expressions telles qu'"avoir une faim de hyène" ou "s'en aller à la mer" , une belle manière de dire que quelqu'un ou quelque chose meurt, disparaît.


La belle histoire de Leuk-le-Lièvre semble être une entreprise particulièrement réussie. Elle aura inspiré notamment la série télévisée franco-canadienne Samba et Leuk le Lièvre et le générique de cette même série, chanté par le sénégalais Ismael Lô : http://www.youtube.com/watch?v=__-TIH_aw6s !

Dans le même registre, je vous recommanderai le site internet conte-moi , qui regroupe des contes de divers pays, que vous pouvez écouter en français. Pour ceux qui ont la chance de parler leur langue vernaculaire , vous pourrez les écouter en sérère, wolof, bambara... J'espère que ce site sera, avec le temps, enrichi de contes venant de d'autres régions et pays du continent pour le plus grand plaisir des enfants mais des adultes également : http://www.conte-moi.net/ !





12 nov. 2012

Grand-Bassam : Ville historique, "Berceau" de la Côte d'Ivoire




Comme la plupart des ivoiriens, la ville de Grand-Bassam, première capitale de Côte d'Ivoire, m'a toujours plus attirée pour ses plages et nombreux hôtel/restaurants que pour son patrimoine historique et culturel. En effet, déjà sur le chemin qui y mène de nombreux restaurants/maquis , longent la côte, tentant les plus affamés de s'arrêter "sur la route de Bassam" avant même d'atteindre la ville de Grand Bassam, située à 40km à l'Est d'Abidjan.
Pourtant, ancienne capitale de la Côte-d'Ivoire, à l'époque coloniale, Grand-Bassam offre bien plus que des plage. Elle abrite de nombreux vestiges d'architecture coloniale, des monuments, des lieux culturels ( musée, maison des artistes...) et constitue à elle-seule le "Berceau" de la Côte-d'Ivoire. Sa richesse est aujourd'hui "reconnue" car depuis le 29 juin  2012, elle fait partie des nouveaux sites africains inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco.
J'ai donc décidé, pendant mes vacances en Côte-d'Ivoire de passer quelques jours dans cette ville historique pour m'imprégner de son histoire, qui est également celle de la Côte-d'Ivoire toute entière. Mais également pour tenter d'en apprendre davantage sur les N'zima Kôtokô ( ou Apollo), peuple qui habite cette région, dont est issue ma grand-mère maternelle, qui a elle-même grandi dans le quartier N'Zima. C'est une ville qui a également passionnée mes grands parents paternels pour son histoire, bien que n'étant pas issus de cette région.

I. Petits éléments d'histoire

Dans leur livre intitulé "Centenaire de la Côte-d'Ivoire 1887/1888-1988 en cartes postales", mes grands-parents André et Afo Guenneguez, cartophiles et collectionneurs, racontent l'histoire de la Côte-d'Ivoire à travers des cartes postales qui constituaient " le moyen de communication le plus parlant de la période 1900/1930, du fait de la vue et du texte, d'où son emploi développé en Côte-d'Ivoire...".
C'est de ce livre que je tire les informations et quelques images suivantes.

L'histoire de la fondation de l'État de Côte-d'Ivoire est celle de trois hommes : Verdier, le premier a signer des traités avec quelques rois, suivi de Amédée Brétignière puis de Marcel Treich-Laplène. 

Dans les années 1880, lorsque débute ce que l'on a appelé le "partage de l'Afrique", initié par la conférence de Berlin de 1884 ; les Français sont installés à Grand-Bassam et Assinie, les Anglais à Cape Coast Castle et les Allemands au togoland. Lorsqu'en 1887, les anglais connaissent une percée à l'intérieur des terres ouest africaines ; les français craignent que ces derniers s'emparent du centre et ouest de l'actuel Côte-d'Ivoire, risquant de couper les populations de l'intérieur de toutes communications avec les ports. Risquant également de priver les français d'une liaison entre le Côte-d'Ivoire et le Haut-Sénégal et Niger autrement dit une "coupure" anglaise au sein de l'AOF. Les français se cantonnant alors aux côtes, décident d'envoyer Treich-Laplène, conquérir l'intérieur des terres en signant des traités avec les différents rois habitants ces régions. Ce dernier réussira sa mission, en précédant les anglais et en faisant accepter le protectorat français aux nombreux rois concernés. "Cette prouesse....coûtera la vie à Treich-Laplène... qui succombe de l'énorme effort accompli, le 9 Mars 1890 à bord du navire qui devait le déposer à l'hôpital de Dakar". Avant de mourir, il a pu écrire ceci à sa mère : " Si je dois mourir, ce qui me console: c'est d'avoir pu placer sous le protectorat de la France ce vaste et riche territoire".

Marchel Treich-Laplène, est donc considéré comme le fondateur du territoire de la Côte-d'Ivoire. Son souvenir est encore présent dans les rues du quartier France de Grand-Bassam aujourd'hui.
Obélisque à la mémoire de Treich-Laplène



Portrait de Treich-Laplene, issue du livre de mes grands-parents

Livre de mes grands-parents André et Afo Guenneguez

Boulevard portant son nom à Grand-Bassam



En 1899, Grand-Bassam connait une épidémie de fièvre jaune qui tuera 45, des 60 français présents dans la ville. La capitale est alors transférée à Bingerville. Ce monument représenterait la femme d'une de ces personnes emportées par l'épidémie. Elle serait allée faire des courses et aurait, en rentrant, retrouvé son mari mort. (On peut distinguer l'homme à ses pieds).






II. Dans les rues de la ville...de nombreux vestiges!

Voici quelques photos que j'ai prises dans les rues du quartier France.
Je commence par ma préférée qui à l'allure d'un véritable tableau , pourtant ce n'en est pas un ! Merci à mon appareil photo !
Par contre, vous pouvez constater l'état de ruine avancé du bâtiment. La végétation semble avoir raison de lui !


Résidence Ganamet. Désolée pour le gros car devant, cela n'enlève rien à  la beauté du bâtiment ! Mais que se passe-t-il à l'intérieur ?

Il y a des vendeurs de pagnes kitas


Immeuble de la Banque Commerciale Africaine




Le premier hôtel de Grand-Bassam:  l'hôtel de France.

Immeuble de la Compagnie Française de l'Afrique Occidentale

Une rue...

 III. Les N'zima Kôtokô


C'est le peuple N'zima Kôtokô qui habite cette région, ethnie du grand groupe des Akans. En raison des guerres tribales qui sévissent au Ghana, ils viennent s'installer en Côte d'Ivoire au XVème siècle. Pour des raisons économiques, ils s'établiront le long du littoral à Assoyam, aujourd'hui Grand-Bassam.

Il est composé de 7 grandes familles, aux différentes fonctions : N'djuaffou, Ezohilé, N'vavilé, Mafoulé, Azanhoulé, Allonhôba et Adahoulin.

Kôtokô signifierait Porc-Épic en Ashanti, en référence à l'animal qui attaqué, lance ses piquants tel des flèches. Autrement dit, quiconque se frotte au N'Zima, s'y pique !

Ils seront rebaptisés "Apolloniens " par les européens qui débarquèrent à Assoyam le jour de la Sainte Apolline.

Comme tous les Akan, les N'Zima possèdent une royauté ( tous les autres grands groupes de la Côte d'Ivoire sont organisés en chefferie). Il y a plusieurs villages ( notamment le village Impérial Grand-Bassam et le village quartier France), qui ont chacun un chef, toutefois, tous les chefs sont soumis l'autorité du roi. Le roi actuel se nomme (Sa Majesté) Awoula Tanoé Amon Désiré. À l'époque, il obtenait ce statut grâce à sa puissance guerrière, en conquérant des territoires et en soumettant les chefs par la force. Aujourd'hui, il est désigné par consensus :les chefs de village, désigneront d'un commun accord, le futur roi, celui qui gérera l'intérêt commun de l'ensemble des villages.

Les chefs quant-à-eux, sont désignés de la même façon depuis des siècles. Le pouvoir Akan est matrilinéaire. Ce sont les femmes qui le détiennent et qui connaissent l'ordre de préséance. Les Mères se réunissent et présentent le fils aînés de la "soeur" la plus âgés à un comité de Grand Notables ( chefs guerriers, conseillers...) du village qui accepte la proposition. La procédure d'intronisation peu alors commencer. Dans le cas d'un refus, elles doivent présenter quelqu'un d'autre. Au bout de trois refus consécutifs, le peuple est invité à prendre part à cette décision en désignant lui même le chef qu'il souhaite avoir.

Les femmes sont donc le pilier de la société N'zima, les garantes du pouvoir. Elles sont représentées par la Reine-Mère. Il s'agit aujourd'hui de Nanan N'Guettié Ebah II, soeur de sa majesté Awoula Tanoé Amon Désiré. La Reine-Mère peut donc être la mère, la soeur , la tante du roi mais en aucun cas, sa femme.

La fête de l'Abissa ou le nouvel an, est l'évènement culturel N'Zima, le plus connu. Elle a lieu entre fin octobre et début novembre ( la dernière fête de l'Abissa , vient donc de se terminer à Grand-Bassam). C'est l'occasion de se réunir autour du roi, au son des tams-tams parleurs Akan "Edo n'gbolè" et de célébrer l'année qui vient de s'écouler et d'instaurer de nouvelles bases pour celle qui arrive. En effet, cette fête est l'occasion pour le peuple de s'exprimer devant le roi et de dénoncer tout ce qui a pu lui déplaire, sans que cela n'engendre aucunes représailles, ni de la part de ce dernier, ni de celle des notables.

Voici un article de journal intéressant qui nous parle des dernières festivités de l'Abissa : http://www.fratmat.info/component/content/article/88-focus/12347-grand-bassam-labissa-ou-le-nouvel-an-pour-le-peuple-nzima-kotoko.html

Voici une photos du début de la place de l'Abissa, où on lieu les festivités de la fête du même nom. Cette place représente également à l'époque coloniale, la séparation du quartier des colons de celui des dits, indigènes.



Palais Royal N'Zima

Roi N'Zima actuel, photo prise à l'adresse suivante :
http://lesivoiriensontdutalent.blogspot.ca/2012/10/abissa-bassam-nzima-unesco.html





IV. Éléments de culture

Le Musée National des Costumes de Grand-Bassam

Situé dans le quartier France, à l'intersection des boulevards Treich-Laplène et Gabriel Angoulvant, le bâtiment abritant le Musée était autrefois la demeure des différents gouverneurs qui se sont succédés à la tête de la Côte-d'Ivoire de 1893 à 1902. Juste en face, il y a le premier palais de justice ( en pleine désuétude) de Côte-d'Ivoire datant de 1900.

Le 09 Décembre 1980, ce bâtiment alors baptisé Hôtel des gouverneurs devient le Musée National des Costumes qui a pour but de conserver les collections nationales de costumes.
J'ai eu la chance de pouvoir visiter ce Musée très tôt un samedi matin. À notre arrivée, le guide qui a semblé surpris ( est-ce parce que peu de gens viennent le visiter, en particulier si tôt le matin), a failli s'étouffer avec la poignée d'attiéké ( semoule à base de manioc) qu'il venait d'avaler (rires) ! On lui a laissé le temps d'aller chercher un peu d'eau, de se remettre de cette frayeur et nous sommes allés à la découverte de l'intérieur du Musée.

Le guide commence la visite en nous présentant Binger Louis-Gustave, Ier gouverneur du pays, qui a habité ce palais de 1893 à 1896 puis nous plongeons à travers l'histoire mais également les pratiques culturelles et cultuelles des quatre grands groupes ethniques ( Gour ou Voltaïque, Mandé, Krou et Akan) qui composent les Côte-d'Ivoire.

Le bâtiment, constitué deux étages aux pièces très spacieuses abrite différents supports d'information : photos, figurine en bois, statut grandeur nature, maquette de différents habitats traditionnels, masque miniature...vous aurez la chance de voir d'anciens meubles utilisés et laissés par les gouverneurs, leur chambre, salle de bain et bien d'autres surprises.

À la fin de votre visite, vous saurez reconnaître un roi Akan, vous saurez également comment s'habillait les chefs des autres groupes ethniques ( textiles traditionnels, industriels, vêtement en écorce, en rafia) . Vous saurez, comment en fonction des région et de l'ethnie qui y habitait, les villages étaient construits...Mieux encore vous pourrez identifiez les féticheuses(sorcières) de votre entourage !

Musée National du Costume

Premier Palais de Justice de Côte d'Ivoire, situé en face du Musée. Photo prise depuis le  premier étage du Musée du Costume
 À côté du Musée, sous un grand apatam, vous pourrez voir l'exposition/vente de quelques artisans.
Apatam artisans. Fauteuils réalisés avec des cornes de zébu ! :o !

La maison des artistes-plasticiens de Grand-Bassam

C'est un bâtiment qui attire le regard de quiconque passe sur le boulevard Treich-Lapleine en raison des couleurs vives recouvrant sa façade. Autrefois lieu de transit de marchandises, il sert aujourd'hui d'exposition permanente au travail de nombreux artistes tel que Monsieur Tanoh Koffi Maturin, qui nous a accueillit chaleureusement et nous a servi de guide. Ses tableaux , tous à vendre d'ailleurs, nous ont marqué en raison leurs couleurs vives et des images et impressions qu'ils transmettent.

Les photos étant interdites dans l'enceinte du bâtiment, il m'est impossible de vous montrer un apercu des oeuvres exposées. Monsieur Tanoh nous a expliqué la raison de cette politique : plusieurs œuvres se sont retrouvées sur internet sous forme de cartes de vœux et ce sans aucune précision quant à leur provenance et donc sans aucune mention du nom des artistes. Ce type de problèmes fait partie des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés ces artistes , en plus du manque de moyen ( pas d'électricité), de la vétusté du bâtiment et bien d'autres encore...

N'oubliez pas de faire un petit don pour saluer et encourager le travail de ses artistes courageux et talentueux !








Maison du patrimoine culturel

Je trouve que les renseignements apportés par cet avis du site petit futé sont complets et intéressants :

" Anciennement Hôtel des Postes et Douanes, cette jolie bâtisse récemment rénovée date de 1894. Les bâtiments qui la composent ont été importés en kit à la fin du XIXe siècle et montés sur place par des ouvriers ivoiriens qui se chargèrent notamment de toute la partie maçonnerie. La colonne du milieu et les étages furent ajoutés par la suite (aux environs de 1900) et, à l’époque, les bâtiments coloniaux étaient ainsi conçus que la partie en pied était réservée aux bureaux et aux entrepôts tandis qu’à l’étage se trouvaient les habitations. Le 11 juillet 2002, la bâtisse a été rattachée par décret au ministère de la Culture et de la Francophonie qui en a fait la Maison du patrimoine. Entre autres activités, cette dernière s’est fixé pour objectif de procéder à un inventaire et à une mise en valeur du patrimoine culturel de la ville de Grand-Bassam et, partant, de créer un pôle d’attraction permettant de contribuer au développement culturel artistique et touristique de cette partie du littoral. Cette action se traduit notamment par une viabilisation des maisons coloniales, qui trouve son aboutissement dans le projet d’inscription du quartier France au patrimoine mondial de l’Unesco, projet initié par le maire de la ville, en collaboration avec le ministère de la Culture et de la Francophonie. Avec l’appui de la Mairie de Bassam et du conseil général, les employés de la Maison du patrimoine œuvrent donc à la sensibilisation de la population afin d’amener celle-ci à s’impliquer activement dans la préservation de cette partie de son patrimoine. Concrètement, un décret national garantit la protection de l’intégralité du quartier France (dont à l’origine seuls 20 bâtiments étaient classés), protection qui passe notamment par un respect de son harmonie architecturale : ainsi, toute maison nouvellement construite dans l’enceinte de ce périmètre protégé doit-elle se conformer à l’architecture coloniale en en reproduisant les caractéristiques et en n’excédant pas les deux étages. La sensibilisation du grand public se manifeste aussi par d’autres actions à vocation plus culturelle, comme l’organisation de journées thématiques et d’expositions. Les murs de la Maison du patrimoine abritent ainsi une exposition permanente de photographies montrant l’ancien Bassam de la période coloniale. C’est également l’établissement le plus à-même de fournir des guides qui vous emmèneront pour une visite à travers le quartier France. Il vous suffit pour cela de vous présenter et de prendre rendez-vous."

Source : Petit Futé , http://www.petitfute.com/adresse/etablissement/id/194243/maison-du-patrimoine-culturel-visites-points-d-interet-grand-bassam



La poste et la Douane aujoud'hui Maison du Patrimoine culturel. Photo d'une carte postale issue du livre Centenaire de la Côte d'Ivoire 1887/1888-1988 en cartes postales.



Le phare de Grand-Bassam

Situé au quartier du même nom, ce bâtiment majestueux de 17m de haut, rappel l'essor économique connu par Grand-Bassam durant la période coloniale. Ses travaux qui durèrent un an , s' achèvent en 1914 mais il ne sera mis en service qu'en 1915, avec sa lanterne d'une portée de 33kms. Il est éteint en 1951 lorsque le port d'Abidjan est inauguré. Tout comme le palais de justice, le transfert du pouvoir politique et économique sur Abidjan à fait tomber de nombreux bâtiments en désuétude.

Photos de Grand Bassam, prise sur le toit d'un bâtiment colonial, on peut apercevoir, dans le coin à gauche le phare.








Artisanat

-Tisserand : Dans les rues de Grand-Bassam, vous trouverez de nombreux tisserands qui font des étoffe de kita. Le pagne Kita est considéré comme un symbole de richesse car c'est le tissu porté par les rois Akans et les chefs de d'autres ethnies...
Les artisans que nous avons rencontrés, font ce métier depuis leur plus jeune âge.




En train de répondre à nos questions !





Alors que ma soeur, ma cousine et moi , nous longions la lagune, nous sommes tombés sur un autre artisan, qui nous a proposé d'essayer son "métier à tisser ".
Petite vidéo de ma cousine Anais à l'essai :
Maintenant le travail du maitre (le premier tisserand) :





-Centre de céramique :c'est à la fois une usine, un centre de formation et un lieu d'exposition/vente. Vous y trouverez des couverts, objets de décorations et bien d'autres surprises

Entrée du Centre de Céramique

-Antiquaires/collectionneurs: Il y a également dans les rues du quartier France de Grand-Bassam quelques antiquaires. Il y en deux juste derrière la Résidence Boursault, située en face de la Bibliothèque municipale et du Centre de Culture: Jean-Baptiste Mokey.





Bibliothèque municipale et Centre de Culture Jean-Baptiste Mockey

Il y en a également un en face des arbres qui bordent la lagune, juste après le pont de la victoire. Ce dernier a une collection impressionnante, venant de diverses régions du continent :  calaos sénoufos, figures baoulés, camerounaises, béninoises et bien d'autres encore...

tête de colon ! Il me fait penser à un ex président lol



Masque béninois

Vêtement de dozos (chasseurs traditionnels) avec des gris-gris
békré, singe baoulé

sages sénoufos

Porc-Épic, bas-zaïre/cameroun

kalefedjo (sénoufo)

Ainsi Grand-Bassam , est une ville à découvrir. Mais c'est également une ville en danger en raison non seulement de la décrépitude des bâtiments constituant sa richesse mais en raison, également, de la montée des eaux et des comportements à risque de ses habitants. L'inscription récente de son quartier France au patrimoine mondial (1er Juillet 2012) de l'Unesco suscite de nombreux espoirs quant à l'obtention de moyens financiers pour tenter de remédier à ses nombreux problèmes mais également quant à une hausse de l'intérêt et de l'implication des ivoiriens pour la préservation de ce joyau.
Je terminerai avec une phrase que ,Nanan Kouamé Adou, chef du village Impérial Grand-Bassam, a prononcé lors d'une émission que je regardais l'été dernier  :  "Avant d'être ivoirien, on est tous Bassamois que l'on soit N'zima ou pas"!



Quelques images "en vrac":



Manguiers centenaires longeant la lagune

On peut apercevoir le pont de la victoire qui mène à Grand Bassam
Marché artisanal sur la route de Grand Bassam