14 mai 2013

Reines d'Afrique et héroïnes de la diaspora noire - Sylvia Serbin

J'ai découvert Sylvia Serbin et son ouvrage , il y a quelques années déjà lorsque je regardais assidument l'émission B.World connection . C'est une émission qui souligne l'apport des peuples noirs à l'héritage universel. Elle tente d'éduquer les jeunes issus du peuple noir en leur apportant des éclairages, mais surtout en leur donnant des exemples de réussite auxquels ils peuvent se référer.

L'auteure était donc incontournable pour l'émission en raison de la teneur inédite de son ouvrage, mais également pour sa perspicacité et la persévérance dont elle a fait preuve pour mener à bien cette entreprise.

Elles s'appelaient Abla Pokou, Anne Zingha, Ndete Yalla, Yennega, Ravalona III.... Elles étaient adulées et craintes par leur peuple. Elles haranguaient les foules, conduisaient des armées, faisaient preuve de bonté, d'abnégation ou d'extrême cruauté; étaient de fins stratèges ou d'implacables intrigantes...
Elles étaient mère ou sans enfants, avaient des défauts , des faiblesses, ont été victime ou  martyr...

Ce sont les Reines, femmes d'influence, résistantes, prophétesses, mère de héros/fondateur d'empire, guerrières du peuple noire dont Sylvia Serbin dresse le portrait. Vingt-deux femmes remarquables ayant marqué l'histoire de l'Afrique et de sa diaspora, de l'Antiquité au début du XXème siècle, méconnues ou risquant de tomber dans l'oubli.

L'auteure nous fait découvrir ou redécouvrir ces femmes sans les sublimer. Elle nous les présente avec leur bon et mauvais côté suscitant successivement respect, admiration, choc ou répulsion chez le lecteur.

On peut donc s'identifier à elle, à leur qualité ou leur défaut. Sylvia Serbin n'a idéalisé personne afin de rester objective, mais surtout crédible.

Ainsi les femmes que nous découvrons, viennent de différentes régions du continent et reflètent la diversité des modes de vie et de culture de l'Afrique précoloniale. En effet, au-delà de chacun des portraits l'auteure s'attache à nous expliquer le fonctionnement de leur société respective ; organisées, structurées, politisées, qui commercent avec leurs voisins et sont porteuses de valeurs universelles contrastant avec les idées véhiculées selon lesquelles avant leurs "découvertes", les sociétés africaines étaient figées ou peuplé uniquement de tribus guerrières, de cannibales ou d'arriérés...

Chacun des portraits s'inscrit dans un contexte particulier qui permet à l'auteur de nous éclairer sur certains faits historiques ou personnages contemporains de l'héroïne concernée. Elle nous parlera entre autres de la traite des Arabes, des échanges commerciaux entre les deux rives du Sahara ou encore de l'islamisation de l'Afrique... Elle nous parlera également du général Faidherbe, du mansa Kankan Moussa, l'homme qui a suscité les convoites et l'obsession des Européens pour l'Afrique, de Soundjata Keita ou encore Shaka Zulu...

L'auteure restitue Néfertiti à l'Afrique comme pour nous rappeler que l'Égypte fait partie du continent et qu'il ne s'agit pas d'une entité à part. Les chercheurs occidentaux font souvent référence à cette dernière pour souligner sa beauté exceptionnelle. Dans le livre, elle fait partie des femmes de pouvoir et d'influence. On apprend qu'en plus d'être belle, elle a joué un rôle considérable en Égypte en influençant la plupart des décisions de son époux.

Elle nous parle d'Harriet Tubman des États-Unis qui mériterait de "figurer dans quelque panthéon de héros universels pour avoir, au péril de sa vie, aidé des centaines de Noirs à fuir la férocité des plantations du Sud" ou encore de la mulâtresse Solitude; chapitre où elle brosse le portrait de la société guadeloupéenne où règne la pigmentocracie. Malheureusement, ces femmes sont uniquement célébrées dans leur communauté respective. 

En présentant ainsi des femmes d'Afrique , des Antilles et des États-Unis dans le même ouvrage, Sylvia Serbin fait de son livre un pont pour rapprocher ces communautés qui bien souvent refusent de s'identifier les unes aux autres pour diverses raisons, ralentissant ainsi la création d'une mémoire collective.



Sylvia Serbin, semble, elle, ne pas avoir eu de mal à s'identifier à l'une ou l'autre de ces communautés pour produire ce travail . D'origine Afro-antillaise (Martinique), elle est née et a grandi en Afrique où elle a vécu une trentaine d'années. Son métier de journaliste lui a permis de beaucoup voyager et d'interroger les traditions orales des pays dans lesquels elles se rendaient. Ces informations, couplées à celles qu'elle trouvaient dans les archives d'explorateurs occidentaux, arabes et autres ; lui ont donné des dates et faits précis, des informations objectives incontestables que l'on retrouve dans l'ouvrage.

Le véritable déclic pour l'écrire lui est venu de sa fille, qui à l'âge de 8 ans, après avoir regardé Pocahontas, lui demande "comment se fait-il que tous les autres pays aient des femmes célèbres et pas les gens comme nous ?... On n'existait pas avant ?".

Dès les premières lignes , l'auteure nous dit donc ceci :
" À qui ferait-on croire, en effet, qu'une moitié du genre humain serait restée muette, inactive, silencieuse, absente, transparente même, tandis que l'autre partie s'affairait à
combattre, à diriger, à construire, à protéger ? Pas même à la plus candide des intelligences. Car depuis que le monde est monde, les femmes aussi ont fait bouger les choses et il serait vain de faire croire que l'animation des scènes historiques ne relève que des hommes. Ailleurs, sous bien des latitudes, un nombre croissant d'auteurs d'attellent à une relecture du passé pour y trouver des tempéraments féminins à valoriser, fussent-elles épouses ou favorites de rois. Mais jamais aucune femme noire n'a été consacrée comme héroïne dite universelle".

Ainsi à travers cet ouvrage l'auteure souhaite donc célébrer les reines et héroïnes noires, leur rendre hommage, mais surtout faire en sorte que leur souvenir ne disparaisse pas de nos mémoires. Elle souhaite également que les enfants issus des peuples noirs aient un autre patrimoine que celui de l'esclavage et de la colonisation pour se construire une identité forte. Enfin elle souhaite que les femmes noires, bien souvent absentes de la mémoire collective, se rappellent (ou sachent) qu'elles ont joué des rôles primordiaux dans les combats de l'humanité.

18 avr. 2013

Odwira ou les écueils d'une vie de bonne ( Tome 1) - Essie Kelly

Bien souvent nous ne prenons pas la peine de lire de nouveaux talents jusqu'à ce que ces derniers fassent définitivement leur preuve en devenant des auteurs qui bénéficient d'une plus grande visibilité, et ce, notamment après avoir publié plusieurs œuvres.

Essie Kelly , elle, semble avoir pris les choses en main, en mettant à profit les moyens de communication modernes que sont les réseaux sociaux. C'est grâce à facebook que j'ai entendu parler de son ouvrage pour la première fois . Puis j'ai découvert sa page de fans. Ce sont les extraits de son roman qu'elle a publié puis ses petites phrases très poétiques et imagées qui m'ont donné envie de lire Odwira.

J'ai donc commandé son roman. Je l'ai récupéré dans ma boîte aux lettres hier soir en rentrant. J'avais décidé de ne lire que quelques pages avant de dormir et finalement , n'ayant pu m'arrêter, je l'ai terminé le soir même.

Le livre nous captive dès la première page en raison de la qualité de l'écriture et des descriptions qui nous permettent dès le début de sentir de l'attachement ou de la répulsion pour les personnages. Comme un sinistre présage, les premières pages nous font réaliser qu'Odwira a eu une vie difficile et que la suite ne sera pas de tout repos. En effet, contrainte à arrêter ses études afin de travailler pour aider financièrement sa famille, la jeune fille sera projetée dans un monde où tout lui échappera. Livrée à elle-même; elle devra trouver la force de sortir de cet enfer, ne serait-ce qu'avec de simples échappatoires mentales.


À travers l'histoire d'Odwira, Essie Kelly souhaite nous faire plonger dans la réalité difficile des jeunes bonnes. Elle souhaite attirer notre attention sur la vie de ces filles, qui ne sont , parfois , que des enfants lorsqu'elles commencent ce travail , qu'elles l'aient décidé de leur plein gré ou non. Ces dernières, bien souvent livrées à elle-même subissent des abus en tout genre inhérents à leur méconnaissance de leurs droits non pas en tant que travailleuses, mais en tant qu'enfants. 

L'auteur se sert de son roman pour attirer l'attention et sensibiliser son lecteur à d'autres problèmes et questions de société tels que la condition de la femme , la question du sida, de l'insalubrité et bien d'autres encore.



Au-delà de l'histoire difficile d'Odwira et des sujets graves qu'elle aborde, il m'était impossible de décrocher et ce d'autant plus qu'elle parle de lieux que je connais , d'habitudes que j'ai, car l'histoire se déroule dans la capitale ivoirienne. Ma partie préférée est sans aucun doute celle du marché. Je pense que toutes les Africaines qui liront cette partie, ne pourront s'empêcher de rire ou de sourire. Elle nous permet de "souffler un peu" , car l'histoire d'Odwira nous prend aux tripes.



J'ai hâte de lire la suite...

8 avr. 2013

Climbié - Bernard Blinlin Dadié


Premier roman ivoirien, paru en 1956, Climbié, signifie en N'zima ( ethnie du grand groupe des Akans) : plus tard. Il s'agit d'un roman autobiographique qui raconte le parcours du jeune Bernard Dadié depuis son village natal, jusqu'à Grand-Bassam, première capitale de la Côte d'Ivoire,  Bingerville seconde capitale du pays ; Gorée, capitale de l'AOF, où se trouve l'école Normale Supérieure William Ponty et enfin Abidjan.

Le roman se divise en deux parties et se déroule en pleine période coloniale. Dans la première partie, nous suivons le parcours scolaire du jeune garçon en Côte-d'Ivoire, jusqu'à son admission à William Ponty. Dans la seconde nous le suivons à Dakar, où il vivra de nombreuses années avant son retour en Côte-d'Ivoire, où il commence à militer au sein du RDA (Rassemblement Démocratique Africain).



Dans la première partie, le lecteur constate très vite le contraste entre la  vie de Climbié au village puis celle qu'il mènera dans les deux grandes villes du pays. En effet, au village, il vit avec son oncle N'Dabian, , un planteur qu'il considère comme son père. Il y reçoit une éducation traditionnelle faite de soirées à écouter des contes et de journées passées au champ. C'est une période d'insouciance que son oncle tentera de faire durer le plus longtemps possible jusqu'à ce que Climbié soit obliger de le quitter pour aller à Grand-Bassam pour "l'école des blancs".

 En ville, rien ne sera plus pareil.  Le jeune Climbié constate que les  habitants de Grand-Bassam,  croulent sous le poids des différentes règles et mesures caractérisant cette époque, qui tentent de les soustraire à leur "sauvagerie". Ainsi, de nombreuses mesures sont prises par les autorités, selon les circonstances. Celles qui marqueront Climbié seront l'interdiction des tams-tams parleurs, "compagnon de joie" qui résonnent tous les soirs,  en cas de décès d'un blanc ou encore l'interdiction des dialectes à l'école...
 Tous les enfants sont obligés de fréquenter l'école de la République qui semble être est une machine à commis, au service de l'administration française.  Tout le monde rêve de devenir commis pour travailler pour les Européens, gage de réussite. "Et chacun tenait à ce que son enfant sortît commis. De là la désaffection pour les travaux de la terre. Planter , s'aggriper au sol, refuser de se laisser déraciner et emporter par la vague torrentielle des modes , refuser de se laisser ballotter par les tourbillons de conceptions plus ou moins contradictoires, c'était hélas vouloir rester "sauvage", tant les villes attiraient, fascinaient" p70. Ainsi s'amorça l'exode rural, aggravé par les tributs trop lourd qui pesait sur les villages et auxquels la population essaye de se soustraire en s'installant en ville.

Dans la seconde partie du roman, à Gorée, Climbié sera confronté à une autre réalité, plus difficile et déroutante encore. Mais celle-ci sera déterminante pour la suite ,notamment pour son brillant parcours politique mais également pour son parcours littéraire ...

Ainsi dans Climbié, nous découvrons le parcours de Bernard Dadié, figure de proue de la littérature ivoirienne; auteur de nouvelles, romans, poésies militantes, de théâtre, d'essai et lauréat à deux reprises du Grand Prix Littéraire d'Afrique Noire pour Patron de New York (1965) et La ville où nul ne meurt (1968).

Il aborde les nombreuses questions qui ont alimenté son parcours et ses réflexions ; notamment le rôle des divers types d'instruction, la  lutte contre le colonialisme et les injustices, la lutte pour l'indépendance et la démocratie, la lutte pour la valorisation  et la conservation de la culture et des identités africaines et bien d'autres encore...

C'est un roman intéressant, qui nous replonge dans la vie de cette époque, notamment à Grand-Bassam ou encore à Gorée  où les fortes présences européennes affectent directement  le quotidien de leurs habitants. Bien que l'auteur soit très critique ,envers la figure du colon, son roman est émaillé de nombreux messages de tolérance : " Tes études t'apprendront à secourir tout homme qui souffre parce qu'il est ton frère. Ne regarde pas jamais sa couleur, elle ne compte pas. Mais en revanche ne laisse jamais piétiner tes droits d'homme , car même dans le plus dur esclavage, ces droits-là sont attachés à ta nature même." p51
On y retrouve également de nombreuses préconisations : " Dans le monde actuel, les ignorants n'auront pas de place. L'homme instruit est un lion. Instruisez-vous, sans cependant abandonner vos coutumes". p.55 qui témoignent de son attachement à l'instruction et à la culture de son continent, auquel il  a rendu hommage à travers ses nombreuses œuvres.







16 mars 2013

Une si longue lettre - Mariama Bâ


Dans ce premier roman, considéré comme l'un des 100 meilleurs livres africains du 20ème siècle, Mariama Bâ se sert de sa plume comme  une arme pacifique. Une arme  pour apaiser sa peine, témoigner des changements que connait la société sénégalaise , enfin  et surtout pour  dénoncer la condition de la femme dans cette dernière.

Elle nous raconte l'histoire de Ramatoulaye qui  vient de perdre Modou Fall, son mari . Après le décès de ce dernier, elle décide d'écrire à, Aissatou sa meilleure amie afin de  lui raconter les funérailles. Mais très vite, après avoir rapporter le déroulement des différentes cérémonies et pratiques d'usage;  Ramatoulaye est replongée dans ses souvenirs  : " le passé renaît avec son cortège d'émotions. Je ferme les  yeux. Flux et reflux de sensations..." Elle se remémorera les histoires de leurs deux couples : leur formation, les années de bonheur puis les évènements inattendus qui les feront basculer et affecteront les deux femmes pour toujours.
Le lecteur plonge alors dans une atmosphère douce-amère qui alterne entre les souvenirs d'un passé joyeux et plein de promesse, la réalité d'un présent difficile, abordée avec lucidité et enfin les questionnements d'un futur incertain, laissant peu de place à l'espoir, même si l'auteure refuse de se résigner.

À travers leurs histoires, Mariama Ba abordera la question de la polygamie et de son impact émotionnelle considérable sur les femmes; que les hommes ignorent lorsqu'ils décident de bafouer leur couple. L'auteure dénonce ainsi la condition difficile des femmes écrasées par le poids du patriarcat , de l'égoïsme des hommes, des traditions , des religions mais également par celui du modernisme qui se traduit dans une de ses formes  les plus perverses : la quête sans scrupule du matériel.
À travers ses correspondances, Ramatoulaye rappellera à Aissatou l'histoire de nombreuses autres femmes, telle que Nabou, la cruelle Belle-mère, garante de la tradition et du sang pur de sa descendance. Celle de la griotte cupide, qui survit tout de même dans un Sénégal qui se modernise, celle de Jacqueline, l'Ivoirienne, la "gnac" ou encore l'histoire des secondes épouses comme Daba : "l'agneau immolé sur l'autel du matériel"... Chacune d'elle représente non seulement un trait de la société sénégalaise mais également les changements de cette dernière car il s'agit de générations différentes. Ainsi en fonction de leur âge, influence, parcours, entourage, elles apporteront toutes des réponses différentes aux problèmes que leurs proches et elles-mêmes rencontreront. Certaines entraineront le malheur des unes, d'autres seront le soutien des autres mais, elles seront toutes, d'une manière ou d'une autre victime des diktats de la société , tiraillée entre tradition et modernité.


En effet, nous sommes en 1979 et le Sénégal , comme tous les pays nouvellement émancipés, amorce un tournant."L'Histoire marchait, inexorable. Le débat à la recherche de la voie juste secouait l'Afrique occidentale...." p52. Le pays est alors tiraillé entre tradition et modernité p 142 : " Notre société actuelle est ébranlée dans ses assises les plus profondes, tiraillée entre l'attrait des vices importés, et la résistance farouche des vertus anciennes"p142. L'auteur s'interroge alors sur les conséquence de ce déchirement. Elle constate  notamment le mépris de celui "qui a un mince savoir livresque" p39 à l'égard de ceux qui exercent des métiers traditionnels et les conséquences sur l'intérêt pour ses métiers. Ainsi selon elle, la modernité s'accompagnait de pertes irréversibles.
 Elle aborde également la question du progrès à travers celle du changement des moeurs  " Le modernisme ne peut donc être, sans s'accompagner de la dégradation des moeurs?" p152.
Elle l'aborde également à travers la question de la place de la femme et du rôle primordial qu'elles jouent dans la société qu'elles soient femmes au foyer, institutrice ou encore à travers la question de leurs différents droits; notamment celui de leur accession à des postes politiques "chasse gardée, avec rogne et grogne" p.118 des hommes. L'auteure souhaite une émancipation  de la femme sénégalaise et  ce d'autant plus que le contexte s'y prête. Elle l'exprime à travers un discours lucide et modéré. Mais y-a-t-il des hommes de bonne volonté ?! "Quand la société éduquée arrivera-t-elle à se déterminer non en fonction du sexe , mais des critères de valeur?" p119.

Enfin, au-delà des questions de la condition de la femme, des changements que connait le Sénégal; l'auteure aborde des sujets tels que celui de l'éducation sous toute ses formes : orale à travers les contes, scolaire à l'école des "blancs" notamment et celle que l'on inculque à la maison. L'éducation a une place importante dans la vie de Ramatoulaye, qui est institutrice et a élevé 12 enfants. On ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec l'auteure qui était elle-même institutrice et mère de 9 enfants. L'association ou non de ces différentes formes d'éducation, couplées aux réalités culturelles et aux caractères des individus expliquera les conduites et attitudes de chacun.

Mariama Bâ remporte le prix Noma en 1980 (prix qui n'est plus décerné depuis 2009) avec ce premier roman et décède l'année suivante, peu de temps avant la parution de son second ouvrage.
 Elle était dotée d'une grande sensibilité et d'une capacité remarquable à la retranscrire à l'écrit. Malgré la douleur, l'état mélancolique et les sujets graves qu'elle aborde, l'histoire est emprunte de pudeur. Il s'agit d' une œuvre majeure de la littérature africaine, d'une grande délicatesse et très agréable à lire. 
On aimerait que cette si longue lettre n'ait jamais de fin...


Merci Marie-Lou pour ce beau cadeau!

7 mars 2013

Le Musée National des Costumes de Grand-Bassam


Situé dans le quartier France, à l'intersection des boulevards Treich-Laplène et Gabriel Angoulvant, le bâtiment abritant le Musée était autrefois la demeure des différents gouverneurs qui se sont succédés à la tête de la Côte-d'Ivoire de 1893 à 1902. Juste en face, se trouve le premier palais de justice ( en pleine désuétude) de Côte-d'Ivoire datant de 1900.

Le 09 Décembre 1980, ce bâtiment alors baptisé Hôtel des gouverneurs devient le Musée National des Costumes qui a pour but de conserver les collections nationales de costumes.
J'ai eu la chance de pouvoir visiter ce Musée très tôt un samedi matin. À notre arrivée, le guide qui a semblé surpris ( est-ce parce que peu de gens viennent le visiter, en particulier si tôt le matin), a failli s'étouffer avec la poignée d'attiéké ( semoule à base de manioc) qu'il venait d'avaler ! On lui a laissé le temps d'aller chercher un peu d'eau, de se remettre de cette frayeur et nous sommes allés à la découverte de l'intérieur du Musée.

Le guide commence la visite en nous présentant Binger Louis-Gustave, Ier gouverneur du pays, qui a habité ce palais de 1893 à 1896 puis nous plongeons à travers l'histoire mais également les pratiques culturelles et cultuelles des quatre grands groupes ethniques ( Gour ou Voltaïque, Mandé, Krou et Akan) qui composent les Côte-d'Ivoire.

Le bâtiment, constitué de deux étages aux pièces très spacieuses abrite différents supports d'information : photos, figurine en bois, statuts grandeurs nature, maquettes de différents habitats traditionnels, masques miniatures...vous aurez la chance de voir d'anciens meubles utilisés et laissés par les gouverneurs, leur chambre, salle de bain et bien d'autres surprises.

À la fin de votre visite, vous saurez reconnaître un roi Akan, vous saurez également comment s'habillait les chefs des autres groupes ethniques ( textiles traditionnels, industriels, vêtement en écorce, en rafia) . Vous saurez, comment en fonction des région et de l'ethnie qui y habitait, les villages étaient construits...Mieux encore vous pourrez identifiez les féticheuses(sorcières) de votre entourage ! 

Extrait de mon article : Grand-Bassam, Ville historique, Berceau de la Côte d' Ivoire :
http://culturebony.blogspot.ca/search/label/Grand%20Bassam


Premier palais de Justice de Côte d'Ivoire